La mort d’une randonneuse de 25 ans, victime d’un tir samedi lors d’une battue aux sangliers, a replacé le débat sur la chasse au cœur de la campagne électorale.
Après un quinquennat d’Emmanuel Macron marqué par plusieurs gestes en direction des chasseurs, dont la division par deux du prix du permis national, franceinfo fait un tour d’horizon des positions sur la chasse des prétendants déclarés à l’Elysée.
Celle qui veut la fin de la chasse
Candidate du Parti animaliste, Hélène Thouy a la position la plus tranchée : elle s’engage dans son programme à « mettre fin à la chasse de loisir ». Invitée de franceinfo le 12 février, elle la décrivait comme une activité « mortifère, qui cause des dégâts évidemment pour les animaux, mais aussi pour notre environnement », et qui « insécurise les ruraux ».
Ceux qui veulent l’interdire certains jours
« Il nous faut plus réglementer cette activité, il y a urgence ! », écrivait samedi Yannick Jadot sur son compte Twitter. En octobre, le candidat écologiste avait déjà affirmé son intention d’y mettre fin le week-end et pendant les vacances scolaires, s’attirant de vives réactions. Le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts plaide aussi pour des mesures plus répressives en réaction aux drames : « Nous veillerons à ce que les accidents de chasse soient davantage réprimés, les auteurs interdits de reprendre une arme », précise son programme.
Sur France 3, dimanche, Jean-Luc Mélenchon a également pris position pour l’interdiction de la chasse « le week-end et pendant les vacances scolaires », ainsi que pour l’interdiction de la vente de certaines armes « excessivement puissantes ». Des mesures qui n’apparaissent pas dans son programme. Mais le candidat de La France insoumise rappelle qu’un député de son parti, Bastien Lachaud, avait déposé une proposition de loien ce sens en 2018 (elle prévoyait l’interdiction de la chasse pendant les vacances, les jours fériés et les dimanches).
De son côté, Christiane Taubira a évoqué la possibilité d’une interdiction de la chasse certains jours, sur BFMTV dimanche, sans toutefois trancher. Cet accident de chasse dans le Cantal pose « la question du partage des espaces publics », juge l’ex-ministre de la Justice. « Il faudra certainement réglementer« et « envisager éventuellement que le dimanche » la chasse ne soit pas possible, a conclu la candidate, sans formuler d’engagement plus clair sur le sujet.
La France est à ce jour le seul pays européen permettant de pratiquer la chasse tous les jours pendant la saison, alors que le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas ou le Portugal ont instauré un ou plusieurs jours de non-chasse.
Ceux qui promettent de bannir certaines pratiques
Pour Yannick Jadot, il faut interdire l’agrainage, cette technique consistant à appâter le gibier en répandant des grains sur le sol, mais aussi la chasse à enclos, détaille son programme. Le candidat écologiste promet que, s’il est élu, les forêts ne seront plus engrillagées, une pratique que critiquent même certains chasseurs.
Jean-Luc Mélenchon s’engage dans son programme à interdire « des pratiques de chasse et de ‘loisirs’ cruelles pour les animaux », comme la chasse à courre et le déterrage, qui consiste à piéger sous terre un renard ou un blaireau. Sur France 3 dimanche, il a également évoqué la chasse à la glu comme faisant partie des méthodes visées.
La chasse à courre est également ciblée par Nathalie Arthaud. La candidate Force ouvrière souhaite interdire ce « loisir cruel de riches oisifs en mal de distractions ». Elle « aspire par ailleurs à une société dans laquelle les êtres humains auront d’autres passe-temps que la chasse », tout en précisant dans son programme pour la cause animale que la chasse « comme source de subsistance, elle, subsistera tant que les hommes n’auront pas suffisamment à manger dans le monde entier ».
Moins définitive, Christiane Taubira assure dans son programme que « l‘abolition de la chasse à courre sera proposée ».
Ceux qui ne comptent pas interdire ou limiter la chasse
A gauche, tandis que le programme d’Anne Hidalgo n’évoque pas le sujet, Fabien Roussel est le seul candidat qui revendique une défense de la chasse. « Je défends la chasse pratiquée comme un loisir populaire dans notre pays, une tradition qui résulte de la Révolution française, parce qu’avant la chasse n’était réservée qu’aux seigneurs », développait le candidat communiste sur France Inter le 15 février. Il affirme sa volonté d’« instaurer un vrai dialogue avec tous ceux qui veulent pratiquer la nature », sans plus de précisions.
La position des candidats de droite et d’extrême droite est plus uniforme : tous se positionnent clairement pour protéger la chasse plutôt que la limiter. « Je considère que la chasse est une tradition ancestrale et qu’elle doit être maintenue« , a plaidé Marine Le Pen, du Rassemblement national, sur France Inter dimanche. « Si vous empêchez les chasseurs de chasser le week-end, ils ne pourront pas chasser, parce qu’ils travaillent, quand même, les chasseurs », a-t-elle pointé. Elle ajoute toutefois qu’il faut trouver « le moyen pour que les promeneurs et les chasseurs puissent, en toute sécurité, profiter de notre domaine qui est extraordinaire ».
Son principal concurrent à l’extrême droite, Eric Zemmour, est du même avis : « Je refuse et je refuserai que qui que ce soit vous interdise la chasse. Les vrais écologistes, c’est vous » et pas « les citadins qui veulent des biches comme dans Bambi« , a-t-il lancé le 15 février lors d’une rencontre organisée par le Mouvement de la ruralité, nouveau nom du parti Chasse, pêche, nature et traditions. Le candidat de Reconquête plaide pour fondre le ministère de l’Ecologie dans « un grand ministère de l’Agriculture, de la protection de l’environnement et de la ruralité, qui regroupera agriculture, environnement, biodiversité ainsi que la chasse, la pêche et la forêt ».
Cette vision des chasseurs comme « premiers amoureux de la nature » est partagée par Valérie Pécresse, la candidate des Républicains, qui souhaite « arrêter de faire la chasse aux chasseurs ». « On n’entrave pas la pêche et la chasse, qui sont des libertés issues de la Révolution », a-t-elle souligné lors de la même rencontre avec le Mouvement de la ruralité. Elle propose par ailleurs de « redonner la main aux territoires et sortir de l’uniformisation des textes » à ce sujet, a-t-elle précisé lors d’un discours à Villers-le-Lac (Doubs), le 13 janvier.
Jean Lassalle considère la chasse comme « partie du patrimoine national » et promet dans son programme de la défendre. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) avait pris le parti des chasseurs sur BFMTV en octobre 2021, assurant qu’« ils contribuent à la protection de l’environnement ».