La démoustication du littoral atlantique se poursuit

Les moustiques peuvent rapidement devenir une plaie et gâcher des vacances ou des soirées d’été dans le jardin. C’est pourquoi, chaque printemps, l’Etablissement Interdépartemental pour la Démoustication du littoral atlantique (EID Atlantique) lance sa campagne de régulation des moustiques sur le littoral atlantique français dans un contexte de prolifération exceptionnel des moustiques.

Le littoral atlantique est une destination prisée par les touristes, mais aussi le territoire des moustiques qui prolifèrent dans des zones où l’eau stagne, principalement à cause des activités humaines qui ont profondément modifié des paysages maintenant laissés à l’abandon ou mal gérés.
Afin de maintenir l’attractivité des littoraux et d’éviter les désagréments de piqûres répétées de moustiques (qui peuvent entraîner des allergies, oedème de Quincke ou urticaire aiguë), les Départements français ont pour compétence la régulation des moustiques.

En application de la loi n°64-1246 du 16 décembre 1964 modifiée, la régulation des moustiques relève de la compétence des Départements qui peuvent ensuite la transférer à un organisme de droit public, comme dans le cas de l’EID Atlantique, créé en 1968 à l’initiative du Département de la Charente Maritime. Aujourd’hui, l’EID Atlantique intervient sur 5 départements : Gironde, Charente-Maritime, Vendée, Loire-Atlantique et Morbihan. Son objectif : réguler les populations de moustiques en tuant leurs larves présentes sur des sites de pontes ou gîtes larvaires.

Soulignons que l’EID n’a pas pour vocation à détruire les moustiques déjà présents : « Nous ne sommes pas là pour l’éradication des moustiques mais pour réguler leurs populations » nous explique Dominique Rabelle, Présidente du conseil d’administration de l’EID Atlantique. En effet, ce sont les larves de moustiques qui sont visées et non les moustiques adultes. L’objectif est donc de limiter leur prolifération en traitant les lieux où ils naissent et non de les pourchasser jusque dans les maisons et les campings. Une course-poursuite qui serait vaine quand on sait que certains moustiques peuvent parcourir de 30 à 50 km !

105 espèces de moustiques existent en France (dont 67 en métropole), 12 sont spécifiquement régulées en fonction de leur agressivité, de leur abondance et du risque sanitaire.

La démoustication en Charente-Maritime

Nous nous sommes rendus en mai 2018 sur les rives de la Charente, à Rochefort pour rencontrer les professionnels de l’EID et mieux comprendre les méthodes qu’ils utilisent pour réguler les populations de moustiques et bien sûr nous assurer qu’elles respectent l’environnement !

En Charente-Maritime, il existe 31 espèces de moustiques, 11 sont ciblées par l’EID.
C’est pourquoi, les zones à traiter sont clairement cartographiées, suivies et contrôlées avant et après pour s’assurer de l’efficacité des épandages. Sont notamment ciblés les endroits où l’eau stagne (marécages, sous-bois inondables, fossés inondés, prés salés…) ou sont remis en eau à la faveur de forts coefficients de marée (vasières, marais d’eau salée…). En effet, les eaux saumâtres sont particulièrement appréciées des moustiques.
Rappelons que chaque cuvette, aussi anodine soit-elle (une empreinte de sabot de vache par exemple), remplie d’eau, est un milieu propice pour la reproduction des moustiques qui n’ont besoin, pour certains, que de quelques jours pour passer de l’état larvaire à celui d’adulte !

Pour réguler cette population indésirable, l’EID Atlantique utilise principalement des traitements manuels effectués à pied, à l’aide d’un pulvérisateur qui contient un biocide particulièrement efficace contre les moustiques. Il s’agit d’un larvicide (qui tue uniquement les larves) d’origine biologique – il est même labellisé « Nature et Progrès® » -, issu d’une bactérie naturelle (Bacillus thuringiensis israelensis Bti – souche AM 65-52 non OGM), appelée BTI dans le jargon de l’EID.

Comment fonctionne la bactérie Bacillus thuringiensis ?

« Bacillus thuringiensis israelensis (Bti) produit quatre toxines sous forme de nano-cristaux qui ciblent spécifiquement les larves de moustiques. À la suite de l’ingestion de ces cristaux par les larves du moustique, ceux-ci se dissolvent dans leur intestin et s’oligomérisent dans les membranes des cellules intestinales sous l’action d’enzymes (des protoxines digestives). Il en résulte une perforation de l’intestin de la larve qui entraîne sa mort » explique le CEA….

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photo : Démoustication manuelle à Rochefort par l’EID (Charente-Maritime – France)
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