La disparition mystérieuse du mammouth laineux

Il y a 4 000 ans, l’île Wrangel, dans l’océan Arctique, abritait encore ces mastodontes. Une nouvelle étude avance plusieurs hypothèses sur ce qui a pu précipiter leur fin.

En Amérique du Nord et en Sibérie, les derniers mammouths laineux se sont éteints respectivement il y a 13 000 et 11 000 ans. Sur la petite île Saint-Paul, en Alaska, ils ont disparu il y a 5 600 ans environ. L’endroit où ces géants ont survécu le plus longtemps est l’île Wrangel, située à 140 km au nord des côtes extrême-orientales russes du district de Tchoukotka. Wrangel n’est une île que depuis 10 000 ans environ, en raison de la montée des eaux liée à la déglaciation. Les mammouths, qui prospéraient depuis des dizaines de millénaires dans la région, s’y sont retrouvés piégés. Depuis des datations réalisées dans les années 1990 par des équipes russes, on sait qu’ils y ont survécu jusqu’à il y a 4 000 ans seulement.

Pourquoi Mammuthus primigenius a-t-il finalement disparu de cet ultime refuge ? Une étude internationale publiée le 15 octobre dans Quaternary Science Reviews apporte des éléments de réponse, sans trancher définitivement. « Ce que nous avons voulu étudier, c’est la façon dont l’écologie et l’alimentation de ces animaux, ont pu changer avant leur disparition », explique Hervé Bocherens (université de Tubingen), qui a dirigé ces travaux. Les datations des fossiles suggèrent une extinction abrupte de cette population qui n’avait pas connu de phénomène de nanisme souvent remarqué en cas d’isolement insulaire. « On l’a d’abord cru, avant de s’apercevoir que les individus 20 % plus petits que la taille moyenne observée dans les autres populations étaient en fait des femelles », note Hervé Bocherens.

Suite dans Le Monde du 16 octobre

 

photo : L’île de Wrangel, au nord des côtes extrême-orientales russes du district de Tchoukotka, fut l’ultime refuge de « Mammuthus primigenius ». Sylvain Cordier / Biosphoto