La valeur des services rendus par les abeilles à l’agriculture est particulièrement forte dans le sud du pays.
Le niveau de mortalité très élevé qui affecte les colonies d’abeilles pourrait se payer au prix fort s’il devait s’aggraver jusqu’à les faire toutes disparaître. Leur extinction, ajoutée à celle de toutes les autres espèces butineuses, causerait en France une perte de près de 2,9 milliards d’euros, selon une étude que vient de publier le ministère de l’Environnement.
Ce chiffre, bâti sur des données de 2010 pour des raisons de cohérence avec les données des autres pays de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), correspond à la valeur monétaire du « service de pollinisation » rendu par ces insectes. Selon l’étude du ministère, ce service représente 8,6 % de la valeur marchande de la production agricole destinée à l’alimentation humaine (33,5 milliards d’euros) atteinte en France à l’issue de cette même année 2010.
Ce taux s’est révélé relativement stable entre 2006 et 2010. En revanche, il varie fortement selon les cultures et les régions. Les cultures de céréales, de racines, de turbercules et d’épices, ainsi que les cultures sucrières, se passent des abeilles. Elles ne leur apportent absolument aucun « service écosystémique ». A la différence de la culture de fruits, où ce service se chiffre à plus de 1,7 milliard d’euros, mais aussi de celle d’oléagineux (650 millions d’euros) et de légumes (486 millions).
Un impact de 150 milliards au niveau mondial
Les auteurs de l’étude pointent également « une différence notable entre les départements ». Ainsi, c’est dans le Cantal que la valeur du service de pollinisation est la plus faible (100.000 euros) et dans le Lot-et-Garonne qu’elle est la plus élevée (222 millions d’euros). L’indice de vulnérabilité des cultures confrontées à à un déclin des pollinisateurs fait aussi le grand écart : 1,2 % dans le Pas-de-Calais contre 54,4% dans les Hautes-Alpes.
Dans une dizaine de départements, tous situés dans la moitié sud de l’Hexagone, ce taux dépasse 20 %. La préservation des abeilles y est donc cruciale et ce d’autant plus que l’activité apicole y est aussi très importante. « Les régions majoritairement viticoles et céréalières seraient quant à elles moins sensibles à ces enjeux, à l’instar du Pas-de-Calais ou de la Gironde, dont l’indice de vulnérabilité ne dépasse pas les 2 % », observe l’étude.
Les chiffres sont encore plus impressionnants au niveau mondial. L’impact économique de la pollinisation dépasse 150 milliards d’euros et représente près de 10 % de la valeur de la production agricole destinés à l’alimentation de l’homme. Les cultures de fruits et de légumes apparaissent encore plus dépendantes du butinage des abeilles qu’en France avec des indices de vulnérabilité de respectivement 23,1 et 12.,2 Mais ce ne sont pas les plus tributaires de l’activité des pollinisateurs. Les cultures stimulantes que sont notamment le café et le cacao, ainsi que les fruits à coques affichent des taux de 39 % et 31 %. Joël Cossardeaux/Les Echos