Ce 12 juillet, les 705 eurodéputés doivent se prononcer sur le règlement européen de restauration de la nature, la plus ambitieuse législation en faveur de la biodiversité depuis la directive Habitats il y a 30 ans. L’issue du vote reste plus que jamais incertaine tandis que les enjeux sont colossaux.
En juin 2022, la Commission européenne a présenté une proposition de loi visant à imposer aux États membres de restaurer les forêts, les zones humides et autres milieux marins et terrestres endommagés par les activités humaines. Composant essentiel du Pacte vert pour l’Europe, ce règlement a la particularité de garantir la mise en œuvre d’actions concrètes pour la sauvegarde de l’environnement. Contrairement aux initiatives passées qui reposaient sur la bonne volonté des gouvernements sans échéances claires, il fixe des objectifs de restauration juridiquement contraignants, et donc obligatoires.
Avec le soutien explicite de l’industrie agroalimentaire, des manœuvres politiques inédites à l’échelle européenne ont réuni conservateurs, nationalistes et une partie des libéraux pour tenter de mettre cette loi en échec. Les examens successifs en commissions agriculture, pêche et environnement ont été particulièrement houleux et se sont chaque fois soldés par un rejet du texte. De prétendus risques pour la souveraineté alimentaire engendrés par la crise ukrainienne ont été invoqués pour contester la législation et ainsi protéger les intérêts économiques des grands groupes industriels.
Ecoutons la science
Plus de 3000 scientifiques l’affirment pourtant dans une tribune publiée en juin dernier qui contredit un à un les arguments des détracteurs du règlement européen : les plus grands risques pour la sécurité alimentaire proviennent du changement climatique et de la perte de biodiversité, dont les secteurs de l’agriculture et de la pêche sont directement bénéficiaires et dépendants. Et comme l’a rappelé la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) dans son rapport d’évaluation rendu public en 2019 : la nature est vitale pour l’Homme de par son importance prépondérante pour son alimentation, son énergie, son économie et sa santé.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Cette loi représente une opportunité historique de protéger efficacement la nature. L’Europe est l’échelle la mieux adaptée pour prendre des mesures susceptibles d’avoir un impact global. Le Parlement européen porte la lourde responsabilité de garantir une planète vivable pour nos enfants. Notre avenir collectif doit primer sur les intérêts à court terme de quelques-uns. Nous attendons que le gouvernement français encourage les eurodéputés à voter en faveur du vivant, mettant ainsi ses déclarations en application. »