La parole ne serait pas apparue avec Homo sapiens, et ce sont les singes qui nous le disent

Avec sept collègues chercheurs, nous venons de réaliser un travail inédit : une revue de question pluridisciplinaire publiée dans Science Advances, présentant les 50 dernières années de recherche et de controverses concernant la capacité des singes à produire des vocalisations comparables à des voyelles, avec une question en point d’orgue : depuis quand nos ancêtres ont-ils commencé à utiliser leur conduit vocal pour parler ?

Parmi tous les primates, les humains sont les seuls à posséder un système de communication qui, en combinant un petit nombre d’unités sonores (les voyelles et les consonnes), permet de générer une infinité d’énoncés porteurs de sens. Pour cerner l’émergence de cet Homo sapiens, les fossiles permettent de dater approximativement son existence à quelques 200 000 ans ; mais, pour la parole, on ne dispose pas, hélas, d’enregistrements de cette l’époque. Depuis peu, l’analyse des vocalisations des singes permet de déceler les prémices de l’émergence de la communication grâce à un répertoire de sons et de faire de nouvelles hypothèses.

Des singes qui n’arrivent pas à parler

Les chimpanzés qui sont proches de nous dans l’arbre de l’évolution peuvent-ils apprendre à parler ? Pour répondre à cette question, des couples de chercheurs américains ont imaginé le protocole du chimpanzé élevé à la maison, comme et avec leur bébé du même âge.

En 1933, Gua, élevée avec et comme Donald, l’enfant de la famille Kellog, n’arrive pas à produire un seul mot après neuf mois de bain linguistique. En 1952 le couple Hayes élève Viki avec et comme leur bébé. Elle est plus loquace que Gua : elle babille, mais peu, puis s’arrête à cinq mois et n’arrivera finalement à prononcer approximativement que cinq mots – papa, mama, cup, up, tea – sans toujours les utiliser à bon escient, et sans arriver à les assembler en une phrase…

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photo : © Pixabay