Développées à l’échelle mondiale, des politiques publiques ciblant les déchets plastiques pourraient au contraire réduire de 80% la pollution marine attendue en 2040, selon une étude publiée le 23 juillet dans la revue Science. Mode d’emploi.
Quelle trajectoire souhaitons-nous pour la pollution plastique ? C’est la question cruciale que posent, entre les lignes de leur étude, une vingtaine de chercheurs à travers le monde. Au rythme actuel, la production de matières plastiques devrait en effet générer près de 3 fois plus de déchets en 2040[1] dans les océans (x2,6) et sur les terres (x2,8). 29 millions de tonnes de nouvelles particules plastiques seraient absorbées par le milieu aquatique chaque année dès 2040. Contre 11 Mt aujourd’hui.
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Un large panel de mesures se trouve pourtant à la disposition des pouvoirs publics pour infléchir la courbe. Actuellement, les interventions post-consommation nécessitent des investissements considérables pour développer les capacités de traitement (recyclage). Autres solutions moins coûteuses: la réduction à la source, grâce à la réutilisation des produits en plastique, leur remplacement par des produits alternatifs et l’essor de nouveaux modes de livraison. Enfin, certains pays comme les Etats de l’UE ont décrété des interdictions et des taxes, le plus souvent sur les sacs en plastique et les microbilles dans les produits cosmétiques.
CINQ SCÉNARIOS D’ACTION PUBLIQUE
Mais aucune stratégie mondiale basée sur des interventions concrètes et mesurables n’a encore été mise en œuvre. C’est ce que prônent les chercheurs, qui ont identifié les potentiels d’atténuation offerts par cinq stratégies différentes de politique publique: business as usual, hausse de la collecte et de l’élimination, progression des capacités de recyclage, réduction et remplacement des plastiques et une combinaison des trois solutions.
Dans la première hypothèse, où les engagements actuels de réduction ont tous été mis en œuvre, dont ceux de la directive européenne sur les plastiques à usage unique et des multinationales comme Coca-Cola et Nestlé, cette pollution ne fléchit que de 6,6% par an dans les océans et de 7,7% sur terre d’ici à 2040 par rapport aux prévisions. Largement insuffisant.
RÉDUCTION, SUBSTITUTION, COLLECTE
Au contraire, un fort développement de la collecte des déchets plastiques –en particulier dans les pays en développement- produit des effets significatifs. Soit une baisse de 57% des particules charriées par les rivières et les océans par rapport aux prévisions. Un résultat plus efficace est même obtenu par le scénario de réduction-substitution : 59% de pollution en moins sur terre et en mer. Le scénario du tout-recyclage montre, lui, des effets plus limités : -45%.
Le scénario global permet enfin d’infléchir la courbe de 78% grâce à une baisse d’un tiers des déchets plastiques produits par nos modes de consommation, des plastiques plus recyclables, des matières alternatives (papier et matières compostables) et des taux de collecte élevés (90% dans les villes et 50% dans les zones rurales). Et tout cela est déjà possible.