Avec 580 individus comptabilisés en France cet hiver, la population de loups continue sa progression spatiale et démographique. Mais moins rapidement que les années précédentes.
Canis lupus se sent bien sur le territoire français, mais sa population connaît une croissance ralentie. Dans son bilan hivernal de la présence de l’animal, revenu par l’Italie depuis 1992, l’Office français de la biodiversité (OFB) estime qu’il y a 580 individus sur le territoire, avec une marge d’erreur de plus ou moins 50 animaux. On les trouve principalement installés dans les régions Provence-Alpes-Côtes d’Azur et Auvergne-Rhône-Alpes, avec plus de 80 % des indices de présence réalisés pendant l’hiver, mais des loups ont été repérés de la Lorraine jusqu’aux Landes. La progression spatiale a elle aussi ralenti par rapport aux années précédentes.
Dans son rapport, l’OFB souligne « un taux de croissance annuel brut qui s’élève à 9 %, contre 22 % l’année dernière (…), une baisse apparente à surveiller afin d’identifier d’éventuelles incidences à moyen terme sur cette population lupine ». A la sortie de l’hiver 2017-2018, on dénombrait 430 loups, et environ 530 loups à la fin de l’hiver 2018-2019. Cet hiver, grâce au Réseau Loup-Lynx, constitué d’agents de l’OFB, de l’Office national des forêts (ONF), d’associations et de passionnés, « 2 354 indices de présence ont été enregistrés jusqu’au 31 mars ». Ces indices – excréments, observations visuelles, empreintes, attaques sur troupeaux de brebis, pièges, vidéos… – ont été scrupuleusement analysés pour fournir l’estimation de population
Braconnage et prélèvements
Par ailleurs, le bilan note que la période de confinement n’aurait pas eu d’effets majeurs sur le comportement de l’animal, notamment à proximité des villes ou habitations. Les zones de présence permanente (ZPP) – là où l’on dénombre des animaux depuis plus de deux ans – se répartissent sur tout l’arc alpin, le Grand-Est, jusqu’au massif pyrénéen. Il y en aurait une centaine. Quant aux meutes, on en compte 80, soit 10 de plus que l’hiver précédent.
Pour Nicolas Jean, directeur adjoint chargé des grands prédateurs terrestres à l’OFB, « le ralentissement de la croissance n’est pas vraiment inquiétant, la population se dirige vers son seuil de viabilité, mais nous devons être vigilants ». Car si l’Etat procède à des prélèvements – une centaine de loups sont abattus légalement chaque année, une quantité fixée à 17 % de sa population –, certaines zones de dépeuplement inquiètent l’office. Dans le Larzac et l’Aubrac par exemple, dans l’Aveyron, des indices ne sont plus relevés depuis deux ans, alors que le loup aime bien se fixer sur un territoire. Migration, braconnage, maladies ? Toutes les hypothèses sont envisagées, comme pour la présence de l’ours dans les Pyrénées.
Le loup est protégé au niveau européen par la convention de Berne de 1979, transcrite dans le droit français en 1989, et en France par un arrêté ministériel du 22 juillet 1993 mis à jour le 23 avril 2007….
Suite de l’article de Philippe Gagnebet dans Le Monde du 3 juillet
photo : Des loups dans le parc animalier des Angles (Pyrénées-Orientales), le 18 juin 2015. RAYMOND ROIG / AFP