La première partie de la COP15 biodiversité qui s’est déroulée en partie à Kunming, dans le sud-ouest de la Chine, va prendre fin le 15 octobre. Cette conférence des parties a adopté le 13 octobre 2021 la déclaration de Kunming.
La première partie de la COP15 biodiversité s’achève ce 15 octobre 2021, avec la volonté affichée de la Chine de mener à bien les négociations internationales pour mieux protéger la nature et quelques engagements en matière de financement. Cette première partie s’est déroulée en partie à Kunming, dans le sud-ouest de la Chine, et en grande partie en ligne. Elle se conclura au printemps 2022 par des négociations en présentiel prévues en Chine, avec une session intermédiaire en Suisse. Ce format a été adopté en raison de la pandémie du Covid-19, pour ne pas retarder davantage les discussions après plusieurs reports.
Une « civilisation écologique »
La COP15 biodiversité doit aboutir à un cadre mondial pour sauvegarder les écosystèmes – qui fournissent eau potable, air, nourriture, matières premières – d’ici 2030, avec l’objectif de « vivre en harmonie avec la nature » en 2050. Longtemps négligée, la protection de la nature commence à s’imposer dans l’agenda politique international, même si elle reste en retrait par rapport aux questions climatiques. Cette conférence des parties a adopté le 13 octobre 2021 la déclaration de Kunming, portée par la Chine et qui défend le concept de « civilisation écologique« . Elle reprend en partie les objectifs contenus dans le texte qui sera négocié par les délégations des 196 membres de la Convention sur la diversité biologique (CDB) en janvier à Genève puis au printemps 2022.
Cette déclaration « nous donne un indice du type de leadership de la Chine« , commente à l’AFP Li Shuo de Greenpeace. Le texte fait référence à l’objectif de protéger 30% de la planète d’ici 2030, sans préciser si Pékin y adhère, une manière de « reconnaître l’ambition croissante autour de cet objectif, sans porter préjudice au processus multilatéral« , relève-t-il. La Chine, qui a pris officiellement la présidence de la COP15 le 18 octobre, « a un rôle extrêmement important à jouer« , complète Lin Li, de WWF. « Le leadership du pays hôte, en définissant le niveau d’ambition nécessaire pour résoudre la crise de la biodiversité et en ralliant d’autres pays autour de cette ambition, est essentiel pour un résultat fructueux« , poursuit-elle, rappelant que la Chine a pris parallèlement des engagements encourageants en terme de lutte contre le changement climatique. Pour Julien Rochette, du think tank français IDDRI, cette séquence a permis « une relance du souffle politique » dont « on a envie qu’il se traduise dans le texte des négociations« .
Des besoins évalués entre 722 et 967 milliards de dollars par an
Des engagements ont été pris pour financer la protection de la biodiversité. La Chine a lancé un fonds pour les pays en développement, abondé à hauteur de 200 millions d’euros et le Japon a mis sur la table environ 14 millions d’euros. Selon l’Agence française de développement (AFD), les besoins sont évalués entre 722 et 967 milliards de dollars par an d’ici à 2030, quand 124 à 143 milliards de dollars sont dépensés et que 500 milliards vont à des subventions néfastes à la nature.
Ces annonces constituent donc « un début modeste« , relève Li Shuo de Greenpeace. Il demande des éclaircissements sur le fonds chinois, « comment il sera géré, comment il complètera des instruments financiers déjà existants et sur quelle période » il porte. Pour certains pays, le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) est l’outil adéquat pour financer les actions en faveur de la biodiversité. « La question du financement est cruciale, elle va déterminer l’engagement de certains pays (dans les négociations), notamment des pays du Sud« , relève Julien Rochette. Les annonces faites à Kunming « mettent ces questions de financement au cœur de la discussion et c’est un bon signal« . Les regards se tournent à présent vers Genève. « Nous sommes mal engagés. Nous n’aurons pas un plan fort de protection de la biodiversité au printemps si nous ne le construisons pas d’ici-là« , avertit Li Shuo.
Certains observateurs jugent peu probable que la Chine accueille des milliers de participants au printemps, spéculant sur un déplacement des négociations à Montréal, siège de la CDB. Ou alors, Pékin mettra au contraire un point d’honneur à organiser ce sommet.
Texte Sciences et Avenir