La raie manta, animal sociable

L’observation de groupes de ce poisson met en lumière des affinités électives, notamment entre femelles, dont la fonction reste à élucider.

Planant dans le grand bleu avec une élégance ineffable, la raie manta a longtemps été considérée comme un animal solitaire. Un nombre croissant d’observations suggérait qu’elle pourrait être un être sociable. Mais pour cet élasmobranche – une sous-classe de poissons cartilagineux comprenant les raies et les requins – la sociologie en restait au stade de l’anecdote.

Les raies, qui filtrent le plancton, se regroupent en effet sur les mêmes zones de nourrissage et se réunissent autour de grosses « patates » de corail servant de stations de nettoyage où des petits poissons labres les débarrassent de leurs parasites. On ignorait si ces regroupements étaient uniquement guidés par des contraintes alimentaires et hygiéniques, ou s’ils étaient aussi organisés par des affinités électives.

Rassemblements structurés

Une étude conduite par une équipe internationale pendant cinq ans sur près de 500 groupes de raies manta des récifs (Mobula alfredi) sur des sites de Papouasie apporte la réponse : ces poissons ne se retrouvent pas par hasard, et des liens de nature sociale structurent leurs rassemblements. Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Behavioral Biology and Sociobiology le 22 août, ont réalisé un patient travail d’identification de chaque individu, grâce aux taches ventrales dont la disposition est unique. Ils ont retracé l’évolution des « réseaux sociaux » pour déterminer si certains individus avaient plus tendance à se retrouver sur un même site, et quand……

Le Monde 25 août

 

photo : Les points ornant la partie ventrale de la raie manta permettent d’identifier chaque animal au sein d’un groupe. Jerry Arriaga