Costumes et décorations de maisons sont faites de dérivés du pétrole et de plastique. Suremballés et fabriqués dans des pays (Chine, Taiwan, Bengladesh) où les conditions de travail laissent à désirer.
Pour l’homo festivus, le droit de se divertir n’a pas de prix. Mariages, cocktails, célébrations de fin d’année, Noël, Pâques, St Valentin : autant d’occasions de développer nos excès et de nous soulager du rythme effréné de nos vies, tout en entretenant la grande machine à produire. Dans une société où l’accès au bien-être ne se conçoit pas en dehors de la consommation, la fête devient un moment de surconsommation. Halloween n’échappe pas à la règle.
Cette fête des morts héritée des Celtes et influencée par la fête des morts mexicaine, est devenu le pic de consommation de l’automne. Certes beaucoup plus suivie dans les pays anglo-saxons, elle est néanmoins de plus en plus populaire dans d’autres pays.
Costumes et décorations de maisons sont faites de dérivés du pétrole et de plastique. Suremballés et fabriqués dans des pays (Chine, Taiwan, Bengladesh) où les conditions de travail laissent à désirer. La plupart des costumes et accessoires ne sont utilisés qu’une fois. Une enquête réalisée en octobre 2019 auprès de 19 détaillants par l’association familiale Fairyland Trust et l’ONG britannique Hubbub, estime que les fêtes d’Halloween au Royaume-Uni génèrent plus de 2000 tonnes de déchets plastiques provenant uniquement des costumes. 83 % des matériaux utilisés étaient à base de pétrole. Cela équivaut en poids de déchets plastiques à 83 millions de bouteilles de Coca Cola, soit plus d’une par personne au Royaume-Uni.
Les bonbons produits, achetés et distribués en masse sont également un désastre écologique et sanitaire. Au moment de Halloween, les confiseurs voient leur chiffre d’affaires augmenter de 60 %. La tradition des enfants frappant à la porte en proposant un mauvais tour ou bien des bonbons, est sans doute le pic de la fête. Par la suite, les plats remplis de bonbons resteront en hauteur sur les étagères et seront vidés au fur et à mesure. Dans ces bonbons, on retrouve de l’huile de palme, du sucre raffiné, du dioxyde de titane, des additifs dérivés du goudron et de l’ammoniaque, des colorants cancérigènes et nanoparticules qui pénètrent très facilement dans le cerveau, les reins ou les intestins.
Enfin la citrouille, symbole d’Halloween, est un désastre écologique et un grand gâchis. La citrouille a besoin de beaucoup de place et de beaucoup d’eau pour être cultivée. En monoculture, elle est traitée aux pesticides. Le transport de ce fruit (oui la citrouille est un fruit et non un légume) massif représente une grande source de pollution. En Écosse, deux tiers des 100 000 citrouilles achetées chaque année ne sont pas consommées, et c’est 1,3 milliards de livres aux USA. Le traitement de ces déchets libère de grosses quantités de méthane, un gaz bien plus néfaste que le CO2.
Comme toutes les fêtes, Halloween pourrait préserver sa magie, être un laboratoire de créativité et de partage, sans contribuer à la destruction de notre terre. Fabriquer un costume et des décorations, manger des bonbons naturels ou les faire soi-même, sont autant de stimulations pour les enfants que pour les adultes et des occasions de partage et de socialisation avec les voisins. Si la solution réside dans l’éducation, nous sommes encore loin d’une volonté générale d’intégrer à l’éducation de nos enfants la capacité de s’amuser sans détruire.
À l’heure où jamais les dangers qui menacent l’ensemble des êtres vivants n’ont autant été discutés sur la place publique, le droit à l’amusement reste inviolable. Comme s’il était indélébile de l’identité de l’homme contemporain. Pourtant, devant un humain incapable de s’amuser sans détruire ce qui le fait vivre, il ne semble pas y avoir de quoi se réjouir.
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