Le gouvernement a donné son feu vert à la pêche de requins tigres et bouledogues jusque dans la réserve naturelle marine de La Réunion et augmenté les moyens pour réduire les risques d’attaques de squales, qui ont fait sept morts depuis 2011.
Depuis quatre ans, 16 attaques dont 7 mortelles se sont produites à La Réunion, la dernière en date, le 12 avril, ayant causé la mort d’un adolescent de 13 ans, membre prometteur du Pôle Espoir de surf, happé par un requin dans une zone interdite à la baignade.
En visite à la Réunion vendredi, la ministre des Outre-mer George Pau-Langevin a annoncé «huit initiatives» pour limiter le risque.
«Le budget consacré aux actions financées par l’Etat dans le cadre du plan requin sera porté de 650.000 € à 1 million d’euros, soit 6 millions d’euros sur la période 2015-2020», a précisé le ministère dans un communiqué.
«L’Etat accompagnera financièrement les communes dans leurs investissements comme les +vigies requin renforcées+, les filets de protection, voire d’autres techniques si leur efficacité est démontrée». «L’objectif est de mettre en place au plus vite, et en tout état de cause dès cette année, un site sécurisé à Saint-Paul, et d’accélérer la réalisation des projets de Saint-Pierre, de Saint-Leu et de Trois-Bassins», explique le ministère.
L’Etat s’engage, en outre, à «augmenter de 50% les sorties en mer dans le cadre de +Cap Requins+, programme ciblé de pêche de requins-tigres et bouledogues réalisée par des professionnels».
«Cette pêche sera autorisée par le préfet à l’intérieur de la Réserve naturelle marine», précise le ministère, ajoutant qu’«elle ne correspond cependant en aucun cas à une éradication qui est irréaliste et contraire aux engagements de la France en faveur de la biodiversité».
Cette zone était souvent accusée d’être «un garde manger» pour les requins qui n’avaient plus de prédateurs. La pêche par des professionnels y était en fait partiellement autorisée jusqu’à présent.
«Le lien entre la réserve marine et les attaques n’a pas été prouvée et il est totalement hors de question de remettre en cause son existence», a toutefois précisé la ministre.
Cette ouverture de la réserve aux actions de pêche a néanmoins suscité l’indignation des scientifiques sur place.
Autre initiative: «L’Etat augmentera son soutien aux programmes de connaissance et d’expertise scientifique, notamment pour étendre le réseau de stations d’écoute et mieux suivre les mouvements de squales et pour mieux évaluer les stocks de requins aux abords de La Réunion».
La ministre des Outre-mer a aussi assisté en mer au large de la plage des Roches Noires (Saint-Gilles, commune de Saint-Paul) à la mise en situation du dispositif expérimental de protection des zones de baignades. Regroupant des vigies immergées, des caméras sous-marines, des bateaux de surveillance, ce dispositif devrait entrer en vigueur «très prochainement» sur les spots de Saint-Paul et être ensuite étendu aux communes de Trois Bassins, Saint-Leu et Saint-Pierre.
Quelques dizaines de manifestants réclamant des actions immédiates contre les requins ont brandi des pancartes et scandé de slogans hostiles au gouvernement sur le passage du convoi ministériel.
La mort du jeune surfeur le 12 avril avait ravivé le débat, deux mois après la reconduction jusqu’à l’année suivante de l’arrêté interdisant la baignade et toutes les activités nautiques en dehors du lagon et des zones surveillées.
Cette décision «d’interdire la mer», selon une expression agacée de nombreux Réunionnais, avait été prise en juillet 2013 après la mort d’une jeune fille de 15 ans à 5 mètres du rivage, toujours à Saint-Paul.
S’agissant du surf, La Réunion comptait 17 écoles avant la recrudescence d’attaques depuis février 2011, contre une seule aujourd’hui. L’île abrite toujours un Pôle Espoir de l’équipe de France, mais les licenciés sont passés de 1.600 à 400 en quatre ans, selon la Fédération. Cela a entraîné l’annulation de la totalité des compétitions de surf et de bodyboard et a contribué à une baisse significative de l’activité touristique.
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