L’IFAW communique (Conférence CITES 4 octobre) : le Botswana a reconnu publiquement la crise actuelle des éléphants et a jeté un pavé dans la marre en se désolidarisant du groupe des pays d’Afrique australe qui encouragent habituellement la légalisation des ventes d’ivoire en déclarant qu’il ne pouvait pas continuer à soutenir cette position.
Le ministre de l’Environnement, de la vie sauvage et du tourisme du Botswana, Tshekedi Khama, a déclaré à la CoP17 de la CITES à Johannesburg, en Afrique du Sud, que bien que son pays possède la plus nombreuse population d’éléphants au monde (estimée à 120 000), le Botswana fera face à ses responsabilités vis-à-vis des autres pays de l’aire de répartition.
« Bien que le Botswana ait déjà montré son soutien aux ventes légales d’ivoire limitées provenant des pays qui gèrent leurs populations d’éléphants de manière durable, nous reconnaissons aujourd’hui que nous ne pouvons plus soutenir ces ventes. Nous ne pouvons faire face à ce problème sans en affronter les conséquences. Nous devons nous unir et nous montrer solidaires des pays voisins et dans le monde pour mettre fin à cette crise » a déclaré Tshekedi Khama.
« Le braconnage est si intense qu’en l’espace de dix ans, nous pourrions perdre la moitié de la population restante d’éléphants. Dans les pays abritant de petites populations isolées, il y a de fortes chances pour que les éléphants disparaissent. Le coût humain du commerce illégal est également élevé car dans chaque pays de l’aire de répartition, les rangers perdent la vie à cause de la demande en ivoire. Il est temps d’agir aujourd’hui : la crise du braconnage des éléphants à laquelle nous, communauté internationale, faisons face, doit être gérée avec fermeté. »
IFAW (Le Fonds international pour la protection des animaux – www.ifaw.org) salue la position courageuse et inédite du Botswana.
« Aujourd’hui, la Namibie, l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe ont refusé de participer au consensus des États de l’aire de répartition de l’éléphant en faveur du classement en Annexe I de tous les éléphants, qu’ont rejoint le Botswana et le Malawi qui avaient déjà fait état de leur position. Ce groupe de pays a fait valoir qu’il devait être exclu de l’Annexe I car leurs populations sont stables.» a indiqué Kelvin Alie, directeur du programme Protection et conservation des animaux d’IFAW.
« Cela ne laisse rien présager de bon pour les éléphants. Nous avions besoin de voir plus de leadership tel que celui du Botswana. Le Botswana adopte une approche ubuntu, une approche africaine inclusive qui signifie « je suis qui je suis grâce à ce que nous sommes ensemble ». Ce pays nous dit donc que, à une époque où l’abattage des éléphants pour leur ivoire augmente fortement, nous devons nous rassembler en tant que communauté internationale et Afrique unies pour mettre fin à ce massacre » a déclaré Kelvin Alie.
Tshekedi Khama a ajouté : « Un consensus mondial se dessine clairement au sein des pays consommateurs sur le fait que le commerce de l’ivoire doit cesser si nous voulons que les éléphants soient protégés de manière efficace. La décision de rendre le commerce de l’ivoire illégal envoie un message clair au monde entier, aux consommateurs et aux marchés. Le commerce de l’ivoire met en danger les éléphants et est interdit par la règlementation internationale. Si nous n’agissons pas de manière décisive dès maintenant et que nous attendons la prochaine CoP en 2019, les résultats seront catastrophiques. Bien plus d’éléphants auront été victimes du braconnage pour leur ivoire, de nombreux rangers auront perdu la vie, et les réseaux de criminels et les intermédiaires corrompus qui permettent à ce commerce de prospérer continueront à profiter de ce commerce destructeur. »
Le Botswana a déclaré hier avoir pris la décision d’interdire le commerce de l’ivoire pour 10 années supplémentaires, jusqu’en 2024. Il a mis en garde contre la stimulation du commerce illégal que représentent les discussions autour d’une éventuelle poursuite de ce commerce alors que de manière si évidente les éléphants sont sérieusement menacés par le braconnage.
Le Botswana est favorable à l’inscription de sa population d’éléphants en Annexe I et à la proposition de transfert en Annexe 1.