Aujourd’hui, Emmanuel Macron se rend à Chamonix pour lancer officiellement l’Office Français de la Biodiversité. Un lieu hautement symbolique pour le climat et la biodiversité : en plein mois de février, sa célèbre mer de glace n’est pas recouverte de neige, le Mont-Blanc accueille toujours plus de touristes au détriment de la biodiversité locale et la vallée de l’Arve étouffe. France Nature Environnement, qui plaidait de longue date pour la création d’un tel établissement, rappelle qu’au-delà des annonces, ce sont des moyens et des mesures concrètes qui sont attendus du gouvernement.
Un Office Français de la biodiversité pour une nouvelle dynamique
Réunir au sein d’un même établissement tous les acteurs de l’eau et de la biodiversité : c’était une demande de longue date de France Nature Environnement. La fédération se réjouit donc de la création de ce nouvel Office, qui doit permettre un réel gain d’efficacité tant au niveau national qu’au niveau local. Concrètement, ses principales missions sont la préservation et la restauration de la biodiversité et du bon état des eaux, ainsi que l’adaptation et la lutte contre le dérèglement climatique. C’est dans les partenariats avec les collectivités et les filières économiques ainsi que des actions vers le grand public que ses missions devront se traduire prioritairement.
Il manque 200 à 300 millions d’euros par an pour des politiques de biodiversité efficaces
Pour autant, alors que le périmètre d’action s’est élargi pour l’ancienne AFB (notamment depuis la loi de 2016 sur la reconquête de la biodiversité) et donc pour le nouvel OFB, le budget de l’établissement n’a pas progressé et ce n’est pour l’heure pas envisagé par le gouvernement. Des spécialistes estiment pourtant que 200 à 300 millions annuels supplémentaires seraient nécessaires pour les politiques de biodiversité et l’OFB : il manque clairement des moyens pour accompagner collectivités et partenaires économiques dans des approches nouvelles des enjeux de biodiversité, et des postes pour mettre les politiques en œuvre au plus près des territoires.
Les annonces du jour ne doivent pas faire oublier les décisions en attente
Un objectif de 30% d’aires protégées ? L’annonce avait déjà été faite par le Président en mai 2019. Mais au-delà du chiffre, l’objectif doit être la qualité. Car la France a beaucoup de retard en matière d’aires de protection forte, qui représentent seulement 1,76% de notre territoire. En effet, il ne faut pas confondre les espaces de protection forte, avec des plans de gestion et obligations élevées, et le reste des autres outils de protection des espaces, avec des politiques incitatives peu contraignantes. Les clés de la réussite pour la mise en place de ces aires de protection forte : associer les populations concernées aux projets de protection au travers de réels projets de territoires ; et dégager les moyens suffisants pour développer plans de gestion et animation de ces aires protégées.
« Nombre d’études sur les oiseaux, les insectes et amphibiens ces dernières années ont démontré un échec complet de la dernière Stratégie nationale pour la biodiversité. Cette année sera élaborée la nouvelle Stratégie nationale pour la biodiversité, pour la période 2021-2030. Ce grand chantier a une importance capitale. L’ensemble des politiques sectorielles doivent être intégrées : l’agriculture, l’industrie, l’urbanisme… Seuls une vision globale, la définition d’objectifs chiffrés et phasés dans le temps et des moyens adéquats permettront d’apporter des solutions concrètes et efficaces pour la préservation de la biodiversité, des eaux et des sols. Et les scientifiques nous le démontrent tous les jours : il y a urgence à agir ! » conclut Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement.
POUR ALLER PLUS LOIN
Aires protégées : au-delà des annonces, quelle ambition réelle ? (Novembre 2019)
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Emmanuel Macron à Chamonix : des mesures ambitieuses, radicales et concrètes attendues pour le climat (France Nature Environnement Haute-Savoie, 11 février 2020)
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