Le Conseil de l’Europe a décerné le Prix Nord-Sud au réseau d’experts du changement climatique et environnemental en région méditerranéenne, citant l’identité de la région comme « un espace partagé de paix, de développement et de droits de l’homme »
- Le Prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe récompense les initiatives qui défendent des causes liées aux droits de l’homme, à la démocratie et à l’État de droit. Il a été décerné au réseau d’experts du changement climatique et environnemental en région méditerranéenne (MedECC).
- Le prix reconnaît l’importance du partenariat et de la coopération sur les deux rives de la Méditerranée pour faire face aux défis environnementaux communs au niveau mondial. Le Conseil de l’Europe célèbre cette contribution de plus de 190 scientifiques de l’environnement provenant de 25 pays, à la première
évaluation scientifique complète des risques environnementaux dans la région méditerranéenne : le MAR1. - Lors d’une cérémonie qui se tiendra à Lisbonne le 9 décembre 2021, le président portugais Marcelo
Rebelo de Sousa remettra le prix aux coordinateurs du MedECC : le professeur Wolfgang Cramer et le Dr Joël Guiot.
Lisbonne, 9 Décembre 2021
. Le bassin méditerranéen et ses habitants sont sous la menace imminente de dommages dus au changement climatique, à l’augmentation de la pollution et à la dégradation des terres et des océans. Une évaluation scientifique collaborative de ces risques a été récompensée par le Prix Nord-Sud du Conseil de l’Europe. Le prix sera remis aux coordinateurs du MedECC, réseau d’experts méditerranéens sur les changements climatiques et environnementaux, par le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa lors d’une cérémonie à Lisbonne le 9 décembre 2021 – conjointement avec l’autre lauréat, la Commission internationale contre le Peine de mort. Le jury a reconnu le travail de MedECC comme « un exemple de premier plan du potentiel de collaboration entre les États et les sociétés, pour faire face aux défis du changement climatique et de la durabilité environnementale. C’est aussi une réponse au besoin de coopération scientifique et experts pour produire une analyse basée sur les connaissances et une base solide pour les politiques ».
Le climat et d’autres changements environnementaux sont devenus des menaces majeures pour les écosystèmes et le bien-être humain dans le monde entier. La région méditerranéenne est particulièrement vulnérable car elle cumule risques environnementaux, notamment un fort réchauffement et assèchement (jusqu’à 6°C d’ici 2100), accélération de l’élévation du niveau de la mer (actuellement 4 mm par an, 80 cm d’ici 2100, voire plus), urbanisation rapide, pollution croissante de l’air et de l’eau, et les impacts du tourisme de masse. Les écosystèmes souffrent de la dégradation des terres, notamment de la perte de la moitié des zones humides, la surpêche (20 % des espèces de poissons menacées d’extinction d’ici 2050), l’agriculture non durable, les incendies de forêt (la superficie brûlée pourrait doubler d’ici 2100) et l’invasion d’espèces non indigènes (« tropicalisation » des espèces). Ces facteurs impactent fortement les ressources en eau, la biodiversité terrestre et océanique, la santé humaine et la sécurité, avec des conséquences plus graves pour le Sud et l’Est.
Pendant six ans, près de 200 scientifiques du réseau MedECC ont évalué plus de 3800 articles et rapports dans la littérature scientifique sur ces risques pour le bassin méditerranéen. Ils présentent leurs conclusions dans un rapport complet, couvrant toutes les sous-régions et domaines de changement : le MAR1. Cette évaluation importante n’a été possible que grâce aux contributions volontaires de nombreux experts. Le professeur Wolfgang Cramer du CNRS (France), l’un des deux coordinateurs de MedECC, note qu’ « il est très encourageant, pour nous et tous nos collègues, que le Conseil de l’Europe reconnaisse le rôle si important de ce travail pour les populations de la région – ceci doit maintenant être suivi d’une action politique pour éviter de nouvelles pertes de vies humaines et de biens ».
La vision pour la Méditerranée du MedECC, récompensée par le Prix Nord-Sud
La pauvreté, les inégalités sociales, les inégalités entre les sexes et les conflits, entravent le développement durable et la résilience environnementale dans les pays méditerranéens. Mais à travers sa longue histoire d’échanges culturels, la région a aussi façonné une identité commune qui peut être une force pour relever le défi environnemental. Compte tenu de l’évolution rapide de l’environnement, il est désormais crucial que les politiques reconnaissent le rôle des
connaissances scientifiques pour la protection de la vie humaine et de la nature. La coopération d’acteurs à différents niveaux géographiques (du local à l’international) et entre différents groupes (parties prenantes, scientifiques, praticiens) à travers la Méditerranée sera essentielle. Grâce aux discussions ouvertes entre les scientifiques au sein du réseau lui-même, le MedECC donne un exemple positif de cette collaboration.
« Le partage d’expériences entre scientifiques de presque tous les pays méditerranéens a été une partie extrêmement enrichissante de ce travail », déclare le Dr Joël Guiot du CNRS (France), également coordinateur du MedECC. Le chercheur note également qu’il existe « un potentiel d’adaptation à ces risques et d’atténuation de leurs causes, mais des efforts financiers bien plus importants sont nécessaires, bien au-delà de ceux proposés par la COP26 ». Grâce à son évaluation complète des risques, le rapport illustre avec des détails spécifiques pour toute la sous-région méditerranéenne, le fort besoin en politiques renforcées. Elles sont nécessaires pour atteindre les objectifs convenus de l’Accord de Paris de la CCNUCC sur le maintien du changement climatique, bien en dessous de 1,5°C. Les politiques renforcées sont également essentielles aux objectifs fixés en matière de développement durable de la nation tels que « la vie sous l’eau », « la vie sur terre », « l’action pour le climat » et d’autres.
MedECC est soutenu par plusieurs organisations intergouvernementales méditerranéennes, principalement le Plan Bleu, le Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE/PAM) et l’Union pour la Méditerranée (UpM). M. Nasser Kamel, Secrétaire général de l’Union pour la Méditerranée, l’un des principaux partisans du MedECC, a salué le rapport et félicité ses auteurs, déclarant : « Le réseau constitue un exemple concret de la vision de la mer Méditerranée comme un espace partagé de paix, de développement et de droits de l’homme, qui a conduit à la création, il y a vingt-cinq ans, de la Convention de Barcelone ». Mme Tatjana Hema, coordonnatrice du PNUE/PAM, a noté que « ce réseau d’experts indépendants du pourtour méditerranéen est devenu une solide interface science-politique. Il fournit une base factuelle pour une prise de décision éclairée, à un moment où la région est aux prises avec la triple crise du changement climatique, de la pollution et de la perte de biodiversité ».
En savoir plus sur le MedECC
Créé en 2015, lors des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le climat COP21 à Paris, le réseau MedECC regroupe aujourd’hui plus de 700 scientifiques de 35 pays méditerranéens et européens, dont 190 ont travaillé directement sur le premier rapport d’évaluation, le MAR1. MedECC vise à fournir des connaissances scientifiques améliorées sur l’impact du changement climatique et environnemental dans le bassin méditerranéen. Le premier rapport d’évaluation méditerranéen complet « MAR1 », avec un résumé à l’intention des décideurs en anglais, français, arabe, espagnol (castillan) et catalan est librement accessible sur http://www.medecc.org.
Inspiré par l’approche ouverte, fondée sur la science et axée sur les politiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), le MedECC démontre le potentiel de collaboration entre des experts indépendants, étudiant tous les aspects de la durabilité environnementale.
Pour les demandes des médias et les interviews :
MedECC : Dr Kasia Marini, responsable scientifique en chef du MedECC (marini@medecc.org).
Les demandes d’interview avec le Pr Wolfgang Cramer et le Dr Joël Guiot doivent être adressées au Dr Marini mais peuvent également être faites par e-mail (wolfgang.cramer@imbe.fr et guiot@cerege.fr)
Le professeur Wolfgang Cramer est chercheur principal au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS), travaillant à l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continental à Aix-en-Provence, France (page web https://www.imbe.