Ce commerce illégal et très lucratif est l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité.
Aucun élément ne manque à la scène. Il y a la « voiture ouvreuse » en tête de convoi, pour repérer d’éventuelles forces de l’ordre. Les téléphones cryptés pour communiquer. Les membres du GIGN, mobilisés pour procéder à l’interpellation au péage de Saint-Arnoult, dans les Yvelines. Puis la saisie de plus d’une centaine de kilos de marchandise, résultat de plusieurs mois d’investigation avec placementssur écoute et « latures.
En ligne de mire, pourtant, aucun tra »c de stupé »ants : ce sont près de 120 kilos de civelles, les alevins d’anguille, qui ont été découverts lors de cette opération menée le 13 mars. Menacée d’extinction, la civelle est l’objet d’un commerce massif à destination de l’Asie, où elle peut être revendue jusqu’à plusieurs milliers d’euros le kilo. « Ce type de tra »c peut être encore plus rentable que la drogue, observe le parquet de La Roche-sur-Yon (Vendée). Depuis le début de l’enquête, au moins une dizaine de trajets vers l’Espagne ont été repérés. »
Pesant jusqu’à 23 milliards de dollars (21 milliards d’euros) par an, le commerce illégal d’espèces sauvages est considéré comme l’une des activités transnationales les plus lucratives au monde, derrière le tra »c de drogues et d’armes. Il est aussi l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. « Le tra »c d’espèces sauvages relève de la grande criminalité organisée et constitue une menace directe et croissante pour la biodiversité, la sécurité mondiale et l’Etat de droit », alertait, en novembre 2022, Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne..
Article complet de Perrine Mouterde dans Le Monde du 8 avril 2023.
Photo : Des têtes de singes découvertes dans des bagages, à l’aéroport Roissy – Charles-de-Gaulle, le 15 février. JEANNE ACCORSINI/SIPA