Le parc naturel le plus célèbre d’Espagne risque de mourir de soif

En Andalousie, le parc naturel de Doñana est le refuge de nombreuses espèces d’oiseaux. Mais l’agriculture intensive et l’industrie pourraient avoir raison de cet espace classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

Chaque année, près de 6 millions d’oiseaux migrateurs font halte dans le parc de Costa Doñana (Andalousie). Avec ses marais et lagunes, c’est l’une des plus importantes zones humides d’Europe. Inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994, il abrite plus de 4 000 espèces animales. Parmi celles-ci, le lynx pardelle (Lynx pardinus), endémique de la péninsule ibérique, dont la population est estimée à seulement une centaine d’individus.

Mais cet éden est aujourd’hui en sursis. D’après un rapport de l’organisation WWF, le niveau d’eau du site aurait chuté d’environ 20 % au cours des trois dernières décennies. En cause : la baisse du débit des fleuves qui l’alimentent et l’agriculture intensive. Pour irriguer leurs champs, de nombreux agriculteurs détournent l’eau d’une nappe phréatique qui alimente en eau le parc. Environ la moitié des exploitations y auraient recours de manière illégale, selon les estimations de WWF.

Si le problème n’est pas nouveau, il semble s’être accéléré ces dernières années. Marais, lacs et lagunes se sont réduits jusqu’à un dixième de leur surface initiale. De nombreuses espèces de libellules et d’oiseaux, comme la sarcelle marbrée (Marmaronetta angustirostris), ont déserté les lieux.

Autre menace : les projets industriels à l’étude autour du site. Conçu pour assurer un meilleur transit des cargos sur le Guadalquivir, le projet de dragage du fleuve pourrait assécher davantage les cours d’eau du parc. Le WWF s’inquiète également des plans d’extraction de gaz à l’intérieur des zones protégées. “Doñana est à un tournant, juge dans un communiqué Juan Carlos del Olmo, directeur général du WWF Espagne. Soit le gouvernement respecte au plus vite les engagements internationaux qu’il a signés, soit il continue à permettre sa surexploitation quitte à ce que la situation devienne irréversible et conduise à son classement sur la liste du patrimoine mondiale en péril en juin 2017. ”

Olivier Liffran

Source : National Geographic

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