Alors que 178 pays négocient cette semaine en Corée du Sud un traité international visant à réduire la pollution plastique, la LPO appelle à l’adoption de mesures fortes et contraignantes pour combattre l’une des importantes menaces écologiques actuelles, qui contribue à la fois au réchauffement climatique et à l’effondrement de la biodiversité.
Le plastique ne se contente pas de participer largement aux émissions de gaz à effet de serre qui dérèglent le climat, c’est aussi un poison létal pour les êtres vivants, humains compris, et leurs habitats naturels, en particulier l’océan. De la Bretagne à l’Antarctique, la contamination affecte l’ensemble des mers du globe, dans lesquelles près de 20 tonnes de déchets plastique sont déversées chaque minute, soit l’équivalent d’un camion poubelle.
Lanceurs d’alerte à plumes
Les oiseaux sont en général de très bons bioindicateurs de la qualité des milieux. Or les populations mondiales d’oiseaux marins ont chuté de près de 70% au cours des 60 dernières années. Différentes études estiment que plus de 90 % d’entre eux ont aujourd’hui du plastique dans l’estomac, ce qui affecte leur métabolisme jusqu’à entrainer la mort. Une nouvelle maladie a même vu le jour pour décrire l’inflammation de leur système digestif : la plasticose.
Depuis 2021, la LPO agit concrètement à travers le projet LIFE SeaBiL, un programme européen de lutte contre l’impact de la pollution plastique sur les oiseaux marins en France, en Espagne et au Portugal. Parmi les principaux résultats de ce projet qui s’achève en décembre 2024 : la mise en place d’un réseau de suivi des échouages à l’échelle de la façade de l’atlantique sud afin d’analyser les causes de mortalité, la collecte de plusieurs tonnes de déchets, la formation de nombreux acteurs locaux et la sensibilisation de milliers d’élèves et usagers des plages.
La LPO est également partenaire du LIFE « Espèces marines mobiles » (2024-2030), coordonné par l’Office français de la biodiversité (OFB), qui vise à améliorer la conservation de certains animaux particulièrement fragiles, tels que les cétacés, les oiseaux, les tortues ou encore les requins. Dans ce cadre, une opération inédite de nettoyage des déchets plastique sur le site de l’unique colonie française de fous de Bassan, dans la Réserve naturelle nationale des Sept-Îles gérée par la LPO, a été menée l’hiver dernier.
Mobilisation générale
Ces efforts montrent que les initiatives locales restent un levier essentiel, mais elles doivent être accompagnées d’une action internationale de grande ampleur pour avoir un impact global et significatif, en particulier sur la diminution à la source de la pollution plastique.
Pour donner suite à l’adoption d’une résolution historique lors de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement à Nairobi (Kenya) en mars 2022, la LPO appelle la communauté internationale actuellement réunie à Busan (Corée du Sud) à s’engager pleinement afin d’y adopter un traité ambitieux qui inclut :
- Des objectifs contraignants pour une réduction drastique de la production et de l’utilisation de plastique à usage unique.
- La promotion des alternatives durables.
- Une aide accrue aux pays en développement pour la mise en place de systèmes efficaces de gestion des déchets.
Pour Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO : « Le monde a su s’unir pour sauver la couche d’ozone, preuve qu’une mobilisation planétaire peut inverser le cours des catastrophes écologiques. Nous devons aujourd’hui impérativement faire preuve de la même détermination pour lutter contre le plastique et plus généralement les énergies fossiles. L’enjeu reste le même : notre propre survie. »
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