Le conseil d’administration de la Fondation pour la nature et l’homme devrait entériner, le 30 janvier, la démission de l’actuelle présidente, Audrey Pulvar.
Le retour de Nicolas Hulot sur la scène politique et médiatique se fera-t-il au sein de la fondation qu’il a créée voilà presque trente ans ? Le 30 janvier, le conseil d’administration (CA) de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) devrait entériner la démission de l’actuelle présidente, Audrey Pulvar, et voter le retour au rang de président d’honneur de celui qui démissionna de son poste de ministre de la transition écologique et solidaire à la fin août 2018.
Rien n’est encore officiellement fait, car l’intéressé lui-même confie ses doutes. Nicolas Hulot se demande quel rôle il peut jouer dans la confusion qui règne actuellement avec la crise des gilets jaunes et la remise en question possible de certains aspects de la transition écologique, notamment sur le terrain de la fiscalité environnementale avec la suppression de la hausse de la taxe carbone.
Lors de l’annonce de sa démission, le 28 août 2018 sur l’antenne de France Inter, il avait déploré, « dans un moment de vérité », les insuffisances de la politique du gouvernement. « Nous faisons des petits pas et la France en fait beaucoup plus que d’autres, mais est-ce que ces petits pas suffisent… la réponse est non », avait-il déclaré, regrettant qu’« on s’évertue à maintenir un modèle économique cause de tous les désordres climatiques ».
« Clarifier la situation »
Son retour paraît donc plus que probable à la tête de la fondation qu’il a créée en décembre 1990 : elle s’appelait alors Fondation Ushuaïa (du nom de l’émission télévisée à succès qu’il présentait alors), puis a pris le nom de Fondation Nicolas Hulot (FNH) pour la nature et l’homme en 1994. Lorsque l’animateur de télévision a intégré le gouvernement d’Edouard Philippe, après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République en mai 2017, la FNH a abandonné la référence à son fondateur, qui, de lui-même, a mis un terme à ses fonctions au sein de cette ONG.
Le détail de la future structure de direction n’est pas encore clair. Si Nicolas Hulot, qui sera présent au CA du 30 janvier, semble volontaire pour le poste de président d’honneur – un statut qui lui permettrait d’intervenir dans le débat politique et de défendre la cause de l’environnement et de la lutte contre le réchauffement climatique –, il paraît moins enclin à diriger effectivement la fondation qui, à l’occasion, reprendrait le nom de l’icône écologiste.
Selon nos informations, il aurait proposé à Audrey Pulvar de rester présidente. Mais l’ancienne journaliste de télévision estime qu’il y aurait alors une personnalité de trop : un scénario préjudiciable à l’efficacité de l’organisation, selon elle.
« Je n’ai aucun ressentiment à l’égard de Nicolas, il fallait clarifier la situation devenue compliquée après son départ du gouvernement », assure-t-elle au Monde, tout en avouant ressentir « un peu de tristesse et de frustration à quitter [la] FNH », alors que son mandat était loin d’être terminé. Elle avait été élue en mai 2017 au lendemain du départ de Nicolas Hulot.
De nouveaux axes pour la fondation
L’une des raisons qui poussent le conseil d’administration de la FNH à valider ce retour est financière. Depuis que son fondateur charismatique a quitté la fondation pour le ministère de l’écologie, les recettes de l’organisation ont connu une baisse sensible, alors que celle-ci est financée au premier tiers par des dons de particuliers, au deuxième tiers par du mécénat d’entreprise et au dernier tiers par des subventions et des aides publiques.
La FNH n’est pas la seule organisation à avoir connu une diminution des dons, mais certaines sources, au sein de l’ONG, soulignent que l’entrée au gouvernement de celui qui incarnait l’engagement écologiste de la fondation avait peut-être brouillé les pistes.
Fin août 2018, sa démission a suscité de nouvelles interrogations. « Les gens ne savaient pas si Nicolas revenait, s’il était à nouveau le président. Il était présent sans l’être officiellement, certains demandaient quand il allait revenir… c’était difficile à gérer », témoigne une source sous couvert d’anonymat. Illustration de cette difficulté : l’engagement de la FNH aux côtés d’Oxfam France, Greenpeace France et Notre affaire à tous dans la pétition qui a déjà recueilli plus de deux millions de signatures en vue d’un recours en justice contre l’Etat français pour inaction climatique n’aurait pas convaincu Nicolas Hulot.
Si celui-ci reprend les rênes de la fondation, quelles seront alors ses nouvelles pistes de développement ? Quel que soit le scénario final le 30 janvier, la FNH devra décider de nouveaux axes de travail et d’actions concrètes. Une question demeurera : le cadre d’une ONG sera-t-il assez large pour que la voix d’une personnalité engagée et parmi les plus appréciées des Français porte efficacement ?
photo :Nicolas Hulot, alors ministre de la transition écologique et solidaire, le 6 juin 2018 à l’Elysée. ALAIN JOCARD / AFP