Comment la science peut-elle sauver une espèce au bord de l’extinction ? De prime abord, le lien entre ces deux éléments peut vous sembler obscur. Cependant, ce sont bien des scientifiques qui se battent pour sauver le rhinocéros de Sumatra, l’une des cinq dernières espèces de rhinocéros restantes.
Le rhinocéros de Sumatra semble inéluctablement condamné
Sur ces 5 espèces, 4 d’entres elles sont considérées comme vulnérables ou en danger critique d’extinction par l’IUCN, Union Internationale de Conservation de la Nature. Le rhinocéros de Sumatra n’échappe pas à cette règle : l’AsRSG, Asian Rhino Specialist group, estime qu’il ne reste que 34 à 47 individus. Peuplant autrefois l’est et le sud-est de l’Asie, le braconnage et la destruction de son habitat lui ont porté un coup presque fatal. Seule une douzaine d’individus vit encore à l’état sauvage. La fragmentation des forêts ne fait que réduire les chances de rencontres entre mâles et femelles, déjà très rares.
Après la mort en 2019 de Kertam, dernier représentant mâle en Malaisie, le Rhinocéros de Sumatra est déclaré éteint dans le pays. En Indonésie, des mesures pour préserver l’espèce sont prises : les individus restants sont rassemblés dans des réserves. Cependant, les femelles n’ayant pas eu de petits pendant un long moment sont devenues stériles, ou bien trop âgées. Une perspective d’avenir peu réjouissante semble se dessiner pour cette espèce de Rhinocéros, sans retour en arrière possible.
Les cellules souches peuvent-elles changer l’histoire du rhinocéros de Sumatra ?
Pourtant, une lueur d’espoir renaît pour l’espèce : Vera Zywitza, Sebastian Diecke et leur équipe se sont lancés dans l’ambitieux projet d’assurer la survie de cette espèce. Pour cela, ces scientifiques allemands se sont inspirés d’un projet de recherche déjà utilisé pour le rhinocéros Blanc : à partir de cellules de la peau d’un individu, obtenir des cellules souches. Celles-ci sont des cellules capables de se multiplier à l’infini, et dites indifférenciées. C’est-à-dire qu’à partir d’une cellule souche, on peut obtenir n’importe quelle autre cellule sanguine.
C’est ainsi que l’équipe de scientifiques a déjà réussi à cultiver des « mini-cerveaux », obtenus grâce aux cellules souches de Kertam.
Ces « mini-cerveaux » devraient désormais permettre aux scientifiques d’obtenir des ovules et des spermatozoïdes. Ainsi, une fécondation en laboratoire deviendrait possible, avant d’implanter les embryons à des mères porteuses rhinocéros. Pour ce faire, les scientifiques doivent d’abord obtenir des cellules germinales primordiales, qui sont les précurseures des ovules et spermatozoïdes. Cependant, comme le souligne le docteur Zywitza, le travail de cette équipe est de rendre possible ce qui semblait impossible. Nul ne doute alors que ce n’est qu’une question de temps avant que le Rhinocéros de Sumatra n’ait le droit à une seconde chance.
Ressusciter le rhinocéros de Sumatra, un projet scientifique controversé
Ces recherches pourraient offrir une parenthèse salvatrice pour d’autres espèces qui sont également au bord de l’extinction, comme le rhinocéros de Java. Avec une cinquantaine d’individus restants, l’espèce semblait condamnée. L’espoir va bien au-delà de ces sauvetages : si l’on est capable, grâce à cette technologie, d’offrir une seconde chance à une espèce, jusqu’où peut-on aller ? Des espèces déjà éteintes, qu’il s’agisse de disparitions causées par l’Homme ou bien antérieures, peuvent-elles être ramenées à la vie ?….
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