La FAO publie son rapport biennal sur les pêcheries et l’aquaculture, un secteur affecté par la crise sanitaire.
L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) n’a pas décidé par hasard de publier lundi 8 juin l’édition 2020 de son « Etat des pêcheries et de l’aquaculture mondiales ». En choisissant la date de la Journée internationale de l’océan pour rendre publique cette somme considérable de données – un exercice statistique réalisé tous les deux ans –, elle voulait mettre l’accent sur les bienfaits d’une gestion responsable des ressources des captures en mer et des élevages aquatiques qui fournissent 7 % de l’ensemble des protéines consommées dans le monde. Dans des pays comme le Bangladesh, le Cambodge, la Gambie, l’Indonésie, le Sri Lanka et plusieurs petits Etats insulaires, les produits de la mer représentent plus de la moitié des protéines animales consommées.
Mais l’épidémie de Covid-19 a donné un autre ton à la présentation de ce rapport. Bien que le coronavirus « n’infecte pas les espèces aquatiques, il a aecté les systèmes alimentaires de la pêche et de l’aquaculture comme aucun autre phénomène auparavant », assure l’agence onusienne. Toute la chaîne de production a été désorganisée par les mesures de distanciation à bord des bateaux, les restrictions de déplacement de main-d’œuvre étrangère, les mises en quarantaine d’équipages, les pénuries de gasoil, de glace, et par la fermeture des restaurants et des marchés.
Baisse de la pêche industrielle
La FAO s’inquiète des risques de crises alimentaires et sociales dans les pays dépendants de l’activité de ce secteur. Si son rapport s’appuie sur des statistiques de 2018, un addendum à cette publication tente de mesurer les premières conséquences de la pandémie. Dans le monde, les pêcheurs étaient, en 2018, environ 39 000 à pratiquer leur activité à petite échelle, nourrissant leur famille et approvisionnant les populations littorales grâce à leurs pirogues ou à leurs petites embarcations. Motorisés ou non, 82 % de leurs 4,56 millions de bateaux mesurent moins de 12 mètres. Ils sont nombreux à s’être adaptés à la nouvelle donne sanitaire, envoyant femmes, voire enfants, vendre leurs produits de façon informelle, au risque de contracter le Covid-19.
La pêche industrielle, elle, a enregistré une baisse d’activité de 6,5 % « n avril par rapport
aux années précédentes. Autour de la mer Noire et de la Méditerranée, 90 % des artisans ont dû cesser leur activité. Le gouvernement français, par exemple, a consenti à des prêts et des subventions a »n de soutenir ses marins.
Pour autant, poissons et crustacés pêchés ou engraissés dans des fermes constituent un secteur économique considérable, qui s’élève à environ 179 millions de tonnes et dont les ventes sont estimées à 401 milliards de dollars (356 milliards d’euros). Un secteur qui pèse lourd aussi dans les échanges mondiaux : 67 millions de tonnes ont été exportées en 2018, plus que la viande, le tabac, le riz et le sucre réunis, pour un montant de 167 milliards de dollars….
Voir Le Monde du 10 juin