84 % des navires ont dépassé la vitesse autorisée dans les zones réglementées entre novembre 2020 et juillet 2022
Sur la côte est des Etats-Unis, des zones lentes ont été conçues spécialement pour protéger les baleines noires de l’Atlantique Nord, une espèce menacée d’extinction. Pourtant, une grande majorité des grands bateaux les traversent à toute vitesse, selon une étude de l’ONG Oceana publiée ce jeudi.
« Les bateaux accélèrent et les baleines meurent, c’est aussi simple que cela », résume Gib Brogan, directeur de campagne pour Oceana. Pour son étude, l’ONG s’est basée sur la collecte de données de navigation des grandes embarcations à proximité de la côte est américaine.
Les bateaux coincés entre deux types d’amendes
Depuis 2008, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a imposé des limites de vitesse obligatoires de dix nœuds aux navires de 20 m ou plus dans les zones où les baleines sont censées être présentes. Elle a aussi suggéré des limites de dix nœuds dans les zones où elles ont été aperçues.
Mais les données collectées par Oceana à partir des émetteurs-récepteurs de ces navires suggèrent que de novembre 2020 à juillet 2022, 84 % d’entre eux ont dépassé les limites de vitesse dans les zones obligatoires. De même, 82 % ont dépassé dix nœuds dans les zones à la limite de vitesse suggérée.
« Les gens de l’industrie maritime […] cherchent à trouver un équilibre entre le risque de payer une amende minime au gouvernement [s’ils circulent trop vite] et celui de payer des pénalités en cas d’acheminement en retard de leur cargaison », explique à l’AFP Gib Brogan. Entre novembre 2021 et juillet 2022, la NOAA a infligé 46 amendes au prix moyen de 15.600 dollars, selon l’étude.
Une espèce victime de l’activité humaine
Les collisions avec des bateaux sont l’une des principales causes de décès de la baleine noire, dont il ne reste que 340 spécimens, dans l’Atlantique Nord. Les enchevêtrements dans les filets de pêche font aussi partie des causes recensées. Les collisions peuvent être directes ou non, par exemple avec l’hélice, ce qui entraîne des lésions pouvant être fatales.
La population de baleines noires, qui peuvent mesurer jusqu’à 18 m et ont une durée de vie équivalente à celle des humains, a décliné avec l’essor de la chasse commerciale sur la côte Est américaine au tournant du XXe siècle. Nommées en anglais « right whale » (baleine « bonne » à chasser), elles étaient prisées pour leur graisse idéale pour la confection d’huile.
L’interdiction de la chasse à la baleine au milieu du XXe siècle a favorisé la renaissance des baleines noires, avec un pic de 483 individus en 2010. Mais depuis 2017, les morts se multiplient à nouveau notamment à cause des collisions et d’un taux de natalité en déclin dû au stress chronique subi par les mères. « Nous savons ce que nous devons faire pour sauver l’espèce », a conclu Gib Brogan, qui demande des sanctions plus sévères en cas d’excès de vitesse. « Il s’agit donc de le faire. »