C’est une série de cartes qui pourrait donner des idées à n’importe quel réalisateur de films porté sur les scénarios catastrophe, et que Le Monde publie en exclusivité.
Pourtant, elles ont été réalisées par la très sérieuse Agence européenne de l’environnement, qui s’est attachée à représenter les conséquences du réchauffement climatique sur notre continent. A l’heure où la Commission européenne a fait du « green deal » sa priorité et où elle s’apprête, début mars, à dévoiler sa loi climat – censée inscrire dans le marbre le principe de la neutralité carbone en 2050 –, ce travail ne manquera pas d’alimenter ses réflexions. Montée du niveau de la mer, pluies torrentielles, épisodes de sécheresse, feux de forêt : les chercheurs de l’institution se sont projetés sur la fin du XXIe siècle pour imaginer ce que seront nos vies d’Européens, et celles de nos enfants et petits-enfants, à cette échéance. Leurs cartes permettent à chacun d’entre nous d’aller regarder ce qui l’attend, là où il vit ou là où il passe ses vacances. La conclusion est sans appel. Les catastrophes qui se multiplient ces dernières années – Venise sous les eaux en novembre 2019, les inondations dans l’Aude fin 2018, ou encore les incendies en Suède en 2018, pour n’en citer que quelques- unes – vont devenir partie intégrante de nos quotidiens. Et ce, même en prenant l’hypothèse la plus optimiste, celle où l’accord de Paris sur le climat serait respecté et où le réchauffement serait contenu sous les deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels.
Une hypothèse dont tous les scientifiques s’accordent à dire qu’elle est déjà hors d’atteinte tant les mesures prises ne sont pas à la hauteur des défis. « Test de résilience climat »
Prenons les feux de forêt par exemple, ceux qui sont imputables aux conditions climatiques (vagues de chaleur, sécheresse).
Quand bien même l’accord de Paris serait respecté, « le risque augmenterait de 30 % à 40 % en Europe du Sud » d’ici à 2100, écrivent les auteurs de l’étude. La France et l’Espagne sont particulièrement exposées. Mais le nord de la Norvège, de la Suède et de la Finlande le sont tout autant.
De même, il ne fait aucun doute que, à la fin du siècle, certains des littoraux européens seront inondés de manière régulière, alors que les effets de la montée du niveau de la mer vont se cumuler à ceux des tempêtes ou des pluies torrentielles, elles aussi de plus en plus fréquentes. Même si les températures ne devaient pas monter de plus de deux degrés, « ce qui est aujourd’hui un événement exceptionnel va devenir la norme dans de nombreux endroits », explique l’Agence européenne de l’environnement….
Suite dans Le Monde du 11 février