Des scientifiques ont révélé dans une nouvelle étude que les grands singes, tout comme les humains, aimaient taquiner leurs congénères.
On le sait, les grands singes ont de nombreux points communs avec nous. Et ce n’est pas cette nouvelle étude qui dira le contraire. Des biologistes cognitifs et primatologues de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA, États-Unis), du Max Planck Institute of Animal Behaviour (MPI-AB, Allemagne), de l’Université d’Indiana (IU, États-Unis) et de l’Université de Californie à San Diego (UCSD, États-Unis) ont en effet révélé que les orangs-outans, les chimpanzés, les bonobos et les gorilles, étaient eux aussi capables d’humour. L’étude a été publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Un ancêtre commun farceur
« Les grands singes sont d’excellents candidats pour les taquineries ludiques, car ils sont étroitement liés à nous, participent à des jeux sociaux, font preuve de rire et affichent une compréhension relativement sophistiquée des attentes des autres »,
a expliqué la co-auteure de l’étude Isabelle Laumer (UCLA/MPI-AB).
De plus, « étant donné que ces quatre espèces de grands singes ont été enregistrées en train de se taquiner, les conditions cognitives pour plaisanter ont probablement évolué chez l’ancêtre commun de l’homme et de tous les primates modernes il y a au moins 13 millions d’années », indique l’étude.
Afin de réaliser leur étude et d’en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé 75 heures de vidéo de grands singes vivant dans des zoos. En se concentrant sur un jeune de chaque espèce, ils ont identifié 18 comportements de taquinerie différents.
Renforcer les liens ?
Parmi les comportements « clownesques » observés chez les singes, un individu – très souvent un jeune – offrait un objet à un autre, pour ensuite le retirer à la dernière seconde, ou il empêchait un congénère de s’emparer de l’objet qu’il voulait. Le jeune répétait son geste, jusqu’à obtenir une réaction. Des comportements qui sont d’ailleurs courants chez les enfants humains, à partir d’environ huit mois.
Les auteurs de l’étude ont également noté que ces taquineries « impliquent d’anticiper la réponse des autres tout en prenant plaisir à aller à l’encontre de leurs attentes. Un tel jeu nécessite deux personnes, mais les taquineries ludiques doivent être asymétriques – l’un doit en cibler l’autre ». A la surprise des scientifiques, ces comportements ont rarement abouti à des réactions agressives.
Dans un quart des interactions, l’animal ciblé par les farces a renversé la situation, taquinant en retour le jeune singe, en le poursuivant ou le chatouillant, par exemple.
Isabelle Laumer a également rappelé que la primatologue Jane Goodall avait déjà observé que « les jeunes chimpanzés dérangeaient parfois les animaux plus âgés lorsqu’ils dormaient en sautant dessus, en les mordant de manière ludique ou en leur tirant les poils. Mais les adultes réagissaient assez calmement ».
Les auteurs de l’étude ont également souligné que « les chimpanzés se livraient aux activités les plus amusantes. Ils aimaient gifler un adulte assoupi ou simplement se mettre en travers de leur chemin. Les orangs-outans ont montré une maîtrise de l’arrachage des poils. Les gorilles étaient fans de la provocation la plus traditionnelle : la bousculade ».
Quant à l’intérêt d’un tel comportement chez les grands singes, Isabelle Laumer a refusé de spéculer. Elle a en revanche indiqué que, « pour les enfants humains, de telles taquineries aident à tester les frontières sociales, créant un plaisir mutuel et donc potentiellement renforçant la relation entre le farceur et la cible de sa plaisanterie ».
Source GEO