Les mauvais résultats d’une gestion « politique » du loup

La population de loups stagne et a même régressé ces deux dernières années dans notre pays. En même temps, dans les territoires où des loups arrivent, les dommages augmentent faute d’anticipation efficace dans l’accompagnement de l’Etat.

Ces deux constats mettent en évidence l’échec patent de l’Etat dans la gestion de la coexistence entre les activités d’élevage et le loup. Les associations de protection de la nature et de l’environnement avaient fait des propositions pour un plan national d’action équilibré et réaliste, dont l’exécutif n’a absolument pas tenu compte. Au contraire, il a misé sur une politique démagogique priorisant les tirs létaux comme principal moyen de gestion de la présence de l’espèce. Le bilan de cette stratégie est maintenant clair : la population de loup régresse alors qu’elle n’est pas encore dans un bon état de conservation.

La situation du loup en France est toujours défavorable, malgré l’obligation d’assurer son état de conservation favorable. La population baisse de 1096 loups en 2022 à 1013 en 2024, selon l’estimation officielle. Elle reste cantonnée dans les Alpes et dans une partie du Jura, sans pouvoir s’installer dans l’ensemble de la France continentale. Et son taux de mortalité annuel augmente, au point de dépasser le taux maximal qui permet à la population de survivre à long terme, selon l’expertise scientifique commanditée par l’Etat.

L’augmentation des dommages aux troupeaux annoncée au niveau national est trompeuse. D’une part, ils ne sont pas plus importants qu’en 2017, alors qu’il y avait près de trois fois moins de loups dans notre pays. D’autre part, ils baissent dans les départements du sud-est qui abritent plus de 90 % des loups en France. L’augmentation n’est constatée que dans les départements de présence nouvelle de l’espèce, où la plupart des troupeaux ne sont pas protégés. Et où on constate la volonté de l’Etat d’étendre toujours plus les possibilités de destructions de loup avant même d’inciter à les protéger ! Un accompagnement anticipé et renforcé des éleveurs dans ces nouveaux territoires est la seule solution dans l’objectif de prévenir efficacement les dommages. Les demandes de la FNO et FNSEA d’une augmentation des tirs par rapport à la population estimée n’ont qu’un seul objectif : tuer toujours plus de loups. Malgré la stabilisation des dommages depuis 2017, leur demande reste identique : que désormais les dommages augmentent ou baissent légèrement, ils réclament toujours plus de tirs, au lieu de soutenir la mise en place de moyens de protection.

Les études scientifiques et même le rapport rédigé pour la Commission Européenne sont clairs : les tirs létaux ne peuvent être qu’un moyen complémentaire de gestion de situations de prédations exceptionnelles, alors que seules les méthodes éprouvées de protection, et en particulier les chiens de protection, les clôtures et le gardiennage, font baisser les dommages de manière pérenne. Les moyens d’effarouchement dont le tir non létal sont à privilégier, améliorer et à analyser dans toutes les nouvelles expérimentations auprès des éleveurs.

Il est grand temps que l’Etat revienne à la raison et adopte une politique claire assurant à la fois la protection du pastoralisme et la recherche du bon état de conservation de la population de loup dans toute la France continentale. La situation dans des territoires vivant avec des loups depuis plusieurs dizaines d’années montre que c’est possible.