Les chercheurs estiment que ce phénomène pourrait également se produire chez l’homme.
Les scientifiques savent depuis longtemps que les oiseaux marins ingèrent des microplastiques en les confondant avec de la nourriture. Et selon une étude publiée lundi 27 mars dans la revue Nature Ecology & Evolution, ces déchets ne se contentent pas d’obstruer ou de transiter par l’estomac, mais perturbent aussi l’équilibre de l’ensemble du système digestif.
En étudiant le tube digestif de deux espèces d’oiseaux marins de l’Atlantique, le fulmar boréal et le puffin cendré, les chercheurs ont constaté que les minuscules particules de plastique détraquaient leur microbiome – ensemble complexe de micro-organismes, comprenant de bonnes et de mauvaises bactéries. En gros, plus l’oiseau ingère de microplastiques, plus les bactéries gastriques, pour la plupart bénéfiques, diminuent, tandis que prolifèrent les agents potentiellement pathogènes.
De possibles conséquences chez l’homme
Les microplastiques, issus de la décomposition des produits plastiques dans l’environnement, se retrouvent à travers le monde, des fosses océaniques les plus profondes au sommet du mont Everest, et dans la plupart des chaînes alimentaires animales. Chez l’homme, des traces ont été détectées dans le sang, le lait maternel et le placenta.
L’étude confirme des résultats antérieurs selon lesquels l’ingestion prolongée de microplastiques provoque ce qu’on appelle une dysbiose intestinale, c’est-à-dire un déséquilibre entre les bactéries saines et les bactéries nocives de l’appareil digestif. Ses implications peuvent être considérables, car, comme les oiseaux, de nombreuses espèces, dont l’homme, ont un microbiome important au sein de leur système digestif. « C’est toute une symbiose qui s’opère, aussi bien chez les oiseaux que chez les humains », a souligné auprès de l’AFP Gloria Fackelmann, de l’université d’Ulm (Allemagne), autrice principale de l’étude.
Les auteurs de l’étude espèrent que leurs découvertes chez les oiseaux de mer donneront lieu à des études connexes chez l’homme. « Si cette substance fabriquée par l’homme (le plastique) peut modifier notre microbiome, je pense que cela devrait faire réfléchir les gens », a déclaré Gloria Fackelmann.
Source : France Info