Les pollinisateurs européens sont affectés par le réchauffement climatique, qui avance leur période d’activité au cours de la saison, révèle une étude française publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution.
Déjà en fort déclin du fait des pesticides et de la destruction des habitats, les pollinisateurs subissent aussi le réchauffement de plein fouet. Dans leur étude menée sur 2.023 espèces résidant dans 20 pays européens, François Duchenne, du Centre d’écologie et des sciences de la conservation (CNRS, MNHN, Sorbonne Université)[i], et ses collègues confirment que leur phénologie est fortement perturbée.
Les insectes pollinisateurs volent désormais en moyenne 5,8 jours plus tôt qu’en 1960, et leur période d’activité est réduite de 1,8 jour. Cette tendance semble s’être accélérée depuis 1980, avec l’augmentation brutale des températures.
LES DIPTÈRES PLUS AFFECTÉS
Cet effet varie selon le type de pollinisateurs: il est plus marqué chez les diptères (mouches et syrphes) que chez les lépidoptères (papillons) et les coléoptères, tandis que les hyménoptères (guêpes et abeilles) se situent entre les deux.
Il diffère aussi d’un endroit à l’autre: plus marqué dans le sud-ouest de l’Europe, il est quasi-nul dans le nord-est. En France, le pic d’activité des insectes pollinisateurs se situe désormais début juillet, contre mi-juillet en 1960, observent les chercheurs.
UNE MOINDRE DIVERSITÉ SIMULTANÉE
Du fait de la réduction de la période de vol, l’équipe observe une baisse de 3% à 9% de la diversité simultanée de pollinisateurs par rapport à 1960 en Europe de l’ouest. Selon le MNHN, «des conséquences, a priori négatives, sont à prévoir sur la pollinisation des cultures et des fleurs sauvages. Cette menace vient s’ajouter au fort déclin des pollinisateurs observé ces 40 dernières années, principalement dû aux pesticides et à la destruction des habitats».
Journal de l’Environnement, 02 janvier 2020, Romain Loury
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: Un couple d’azurés ©Dominik Hofer