Les effets des radiations sur la faune de Tchernobyl restent largement méconnus malgré quelques études. Une nouvelle recherche présentée à Prague se penche sur la façon dont la contamination radioactive affecte le développement des oiseaux.
26 avril 1986 : Tchernobyl devient le théâtre de la pire catastrophe nucléaire de l’histoire. Plus de 200.000 personnes sont évacuées et une zone d’exclusion d’une superficie d’environ 300.000 hectares autour de l’ancienne centrale est instaurée.
Toujours contaminée, cette zone héberge pourtant aujourd’hui de nombreuses espèces animales. Des chercheurs de l’Université de Jyväskylä, en Finlande, se sont intéressés aux répercussions des radiations sur deux types d’oiseaux présents à Tchernobyl : la Mésange charbonnière et le Moucherolle pie.
Les radiations modifient-elles le microbiome intestinal des oiseaux ?
Les chercheurs de l’Université de Jyväskylä ont placé des nichoirs dans des espaces plus ou moins contaminés de la zone d’exclusion de Tchernobyl. Ils ont ensuite collecté des échantillons de matière fécale afin d’étudier la composition des intestins des oiseaux ainsi que leur régime alimentaire, relaye Newsweek.
« Notre hypothèse était que la biodiversité dans les zones contaminées serait compromise, entraînant des changements dans la reproduction des oiseaux, dans leur régime alimentaire et au sein de leur microbiome intestinal », explique dans un communiqué le Dr Sameli Piirt, chercheur à l’Université de Jyväskylä.
Fait « étonnant » selon le communiqué de presse de l’étude : les oisillons vivant dans les zones les plus fortement contaminées semblaient, dans leur régime alimentaire, avoir accès à une plus grande diversité d’insectes que les oisillons issus des zones moins contaminées.
Ils ont par ailleurs constaté une modification du microbiome intestinal de ces oiseaux : si les radiations ne semblent pas avoir affecté la variété des bactéries présentes dans celui-ci, elles influenceraient en revanche les proportions de ces différentes bactéries au sein du microbiome intestinal, élément clé de la santé des mammifères, rapporte le média britannique IFL Science.
Les chercheurs n’ont, en revanche, pas observé de différences dans la reproduction des oiseaux en fonction de la contamination de leur lieu de vie. Selon le Dr Sameli Piirt, « ces résultats créent un contexte intéressant pour comprendre l’écologie aviaire dans les zones contaminées. Ils nous fournissent de nouvelles informations précieuses sur les effets des radiations sur les jeunes oiseaux, un domaine de recherche qui était, jusqu’alors, très flou ».
Des oiseaux au cerveau plus petit à Tchernobyl
SI peu d’études ont été réalisées à ce jour, de précédentes recherches menées par des scientifiques norvégiens, français et américains montraient déjà l’impact des radiations sur le cerveau des oiseaux de Tchernobyl.
Menée sur sur 550 oiseaux de 48 espèces différentes et publiée en février 2011 dans la revue scientifique PLoS One, l’étude révélait que le cerveau des oiseaux de Tchernobyl était 5 % plus petit que celui de leurs congénères d’autres régions. Leurs capacités cognitives étaient elles aussi diminuées de 5 %, relaye 20 minutes.
Les oiseaux les plus jeunes (de moins d’un an) semblaient, selon l’étude, être les plus touchés, alimentant la théorie selon laquelle les radiations freineraient le développement du cerveau des oisillons.
Le Dr Sameli Piirt rappelle que la contamination radioactive entraîne « une myriade de conséquences encore mal comprises aujourd’hui« . Il conclut : « En étudier les effets est crucial si l’humanité souhaite s’engager, à l’avenir, encore plus dans le nucléaire ».
Article initialement publié le 5 juillet.
Source GEO
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