Emmanuel Macron dit non à la réintroduction d’ours dans les Pyréenées. Le président l’a annoncé mardi 14 janvier à des éleveurs et leurs représentants alors qu’il était en visite à Pau (Pyrénées-Atlantiques), comme l’ont rapporté « l’Express » et France-Bleu Ariège.
« Les réintroductions d’ours, c’est terminé. C’est acté et je vais l’écrire noir sur blanc », a déclaré le chef d’Etat selon Jean-Pierre Pommiès, éleveur en vallée d’Ossau et l’un des chefs de file de la contestation anti-ours, présent lors de la rencontre
« [Emmanuel Macron] souhaite aussi que nous suivions de près tous les ours à problèmes, notamment sur la partie centrale des Pyrénées, particulièrement en Ariège », a rapporté de son côté Bernard Layre, président de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques. Le président s’est aussi engagé « à éventuellement sortir les ours recensés violents, après suivi et balisage », dit-il encore.
Jean-Pierre Pommiès a par ailleurs fait part au président des frustrations des éleveurs, qui se sentent parfois impuissants : « Nous souhaitions que les élus des régions concernées soient mieux écoutés dans les instances décisionnaires, a-t-il déclaré. A l’heure actuelle, ces instances sont composées de trois groupes : les associations pro-ours ; les fonctionnaires de l’environnement, dont 95 % sont des militants de la réintroduction ; et les élus. Résultat : ceux-ci ont beau relayer nos difficultés, ils se retrouvent systématiquement minoritaires au moment des votes. » Le président aurait assuré vouloir redonner « plus de pouvoir aux élus des populations concernées ».
En contradiction avec une obligation européenne ?
Si les éleveurs ont accueilli ces annonces avec enthousiasme, certains, comme Christine Téqui, la présidente du conseil départemental de l’Ariège, attendent « des actes concrets pour [se] réjouir ».
Alain Reynes, le directeur de l’association Pays de l’ours-Adet, estime de son côté que ces annonces n’engagent qu’Emmanuel Macron sur la durée de son mandat. « Si on se projette un petit peu plus loin, il y aura de nouveaux lâchers d’ours dans les Pyrénées, prédit-il. Tout simplement parce que ça correspond à une obligation européenne de restaurer une population viable, et la France ne peut pas y déroger. »
Les Pyrénées-Atlantiques avant lancé en 2018 une consultation publique sur l’introduction de deux ourses dans les Pyrénées, voulue par Nicolas Hulot. Près de 90 % des participants s’étaient déclarés favorables à cette proposition.
Il y a un an tout juste, en janvier 2019, Emmanuel Macron s’était déclaré favorable à la présence des ours dans les Pyrénées. « Nous continuerons à préserver la présence de l’ours », avait-il insisté lors d’un débat avec des maires, rappelant l’existence d’une « politique d’accompagnement » par l’intermédiaire de primes versées aux éleveurs.
Reconnaissant qu’« une pression démographique trop forte » de l’espèce dans certaines zones posait problème, il avait cependant défendu la présence des ours dans les Pyrénées, pour « préserver la biodiversité ». A quelques semaines des élections municipales, le président s’est peut-être rappelé que les animaux qu’il souhaitait préserver, eux, ne votent pas.
Source : l’Obs