« Le loup, animal social? » sur France Culture à l’occasion de la sortie de « Marche avec les loups » de Jean-Michel Bertrand

Le réalisateur Jean-Michel Bertrand part sur la trace des jeunes loups en dispersion. Son film : « Marche avec les loups » sort en salles aujourd’hui.

Son dernier film, La Vallée des loups (2016) était une ode à la nature, une immersion de trois ans faite de bivouacs dans la neige et d’observation insatiable. Jean-Michel Bertrand s’y faisait accepter par une meute, pariant que la vallée idéale qu’il garde secrète devait un jour être colonisée par l’espèce (revenue naturellement en France en 1992 par le Parc du Mercantour). Parvenu à relever cette gageure pour son plus grand émerveillement, le documentariste conquiert un tout autre terrain, imaginant dans Marche avec les loups (2020) l’itinéraire du jeune loup – un subadulte –  qui, devant quitter la meute pour la « dispersion », cherche un autre territoire .

Je dis souvent que le loup m’emmène, parce qu’il m’emmène à réfléchir. Lorsqu’on s’intéresse au loup, lorsqu’on essaye de le filmer, 90% du temps, on ne le voit pas, donc on réfléchit, on regarde les fourmis, on regarde les petites choses, on se questionne. Il y a toute une réflexion philosophique, sur cette façon d’être dans la nature, de s’ennuyer pendant des semaines, pendant des mois, en essayant  de voir un animal. Là, je m’adresse à moi-même : quelle est ma place ?
(Jean-Michel Bertrand)

En commun dans les deux films : un travail de la voix-off aux antipodes du documentaire animalier anthropomorphique, qui penche plutôt vers le journal de bord, et l’état sauvage absolu des loups, à l’inverse de ceux qu’auraient filmé un Jean-Jacques Annaud (Le Dernier des loups, 2015). S’instaure également une temporalité toute autre, marquée par l’attente décourageante et le surgissement sidérant. Le réalisateur se consacre ainsi à l’observation insatiable d’un écosystème, aidée par le dispositif des caméras automatiques.

Oui, je me mets en scène, mais  je ne pense pas que ce soit par ego, moi j’ai envie de me mettre en scène pour que les gens s’identifient, c est ça qui me semble intéressant. C’est pour ça aussi que je joue un peu les anti-héros. Ce que j’avais envie de faire c’était vraiment de montrer ce chemin, avec les fêlures, avec les doutes.
(Jean-Michel Bertrand)….

 

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