Monsieur le Ministre de la Transition Écologique, faîtes arrêter le massacre des bouquetins du Bargy !
Quelques jours avant la visite du Ministre de l’Agriculture en Haute-Savoie, le Préfet a pris à la hâte un nouvel arrêté autorisant l’abattage indiscriminé de 75 bouquetins. Il a déclenché immédiatement dans la nuit de dimanche à lundi une opération de grande ampleur en interdisant l’accès au massif du Bargy jusqu’au lendemain soir pour y perpétrer cette tuerie à huis clos. Résultat de cette opération funeste : 61 bouquetins ont été abattus en 2 jours…
Il reste un espoir pour 14 bouquetins qui peuvent encore être sauvés. Huit associations* ont déposé en urgence au tribunal administratif de Grenoble, ce mercredi 20 octobre, un référé suspension contre l’arrêté autorisant cet abattage indiscriminé. L’audience se tiendra le 3 novembre.
L’abattage indiscriminé des bouquetins n’est clairement pas une solution à l’éradication de la brucellose. Depuis le printemps 2022, 170 bouquetins ont été capturés et il a été constaté que plus de 96% n’étaient pas porteurs de la maladie. Les scientifiques du Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) avaient déjà émis un avis défavorable à l’arrêté préfectoral et l’hypothèse d’une contamination directe bouquetin-bovin n’a jamais pu être établie avec certitude dans la mesure où d’autres animaux sauvages, tels que des chamois, des cerfs et des chevreuils se sont également révélés être porteurs de la bactérie.
La justice avait déjà donné raison aux associations en mai 2022 en suspendant un arrêté préfectoral qui visait à abattre 170 bouquetins de façon indiscriminée.
En dépit de tout cela, le Préfet récidive. Contre les avis des scientifiques du CNPN et de citoyens, qui sont 88 % à avoir émis un avis négatif lors de la consultation publique menée cet été, il a décidé de « nettoyer » le massif du Bargy quelques jours avant la venue du Ministre de l’Agriculture. Il s’agit là d’un massacre, au sens propre du terme, car seuls 2 ou 3 bouquetins sont potentiellement séropositifs selon les premières analyses.
L’État n’écoute ni les scientifiques, ni la justice, ni les citoyens, ni les associations. Il cède à la pression des lobbys agricoles.
D’ici là, nous en appelons directement à vous, Monsieur le Ministre de la Transition Écologique. Monsieur Béchu, il est de votre responsabilité d’interdire tout tir supplémentaire avant le verdict de la justice sur la légalité de cet arrêté. Il est de votre responsabilité de démontrer que nous sommes encore dans un Etat de droit et que l’Etat respecte la Justice et défend ces espèces protégées.
(*) AJAS, Animal Cross, ASPAS, AVES, FNE Auvergne-Rhône-Alpes, FNE Haute-Savoie, LPO, One Voice