D’ici au 1er décembre 2028, les spectacles de lions, de tigres, de tous les animaux sauvages seront interdits dans les cirques itinérants. En attendant, dès vendredi, les circassiens ne peuvent déjà plus en acquérir ou les faire se reproduire.
« Sarabi, Faraï et Nala, ce sont des lionnes nées chez nous », détaille Solovich Dumas, le directeur du Cirque de Rome, tout en leur distribuant caresses et mots doux. À partir du vendredi 1er décembre, ces naissances de lionceaux n’auront plus lieu. La reproduction et l’acquisition de ces animaux sont désormais interdites dans les cirques. C’est l’une des étapes de l’interdiction de la détention et des spectacles d’animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici au 1er décembre 2028 et prévue par une loi du 30 novembre 2021.
À terme, lions, tigres, et autres fauves devront être placés dans des refuges. C’est toute une économie et un savoir-faire qui sont menacés de disparition, s’alarment les professionnels concernés et opposés à cette règlementation. C’est donc le cas de Solovich Dumas, du Cirque de Rome détenu par la même famille depuis 1857 et qui a posé son chapiteau à Bondy en région parisienne : « On ne veut pas stériliser nos animaux. Pour moi, c’est comme les mutiler. Un animal stérilisé, au niveau de la morphologie, ce n’est plus du tout le même animal. Il n’a pas ses cycles, il grossit. Tout joue sur le métabolisme de l’animal ».
Celui qui est aussi porte-parole de l’Association de défense des cirques de familles, représentant une quarantaine de compagnies, se dit prêt à être sanctionné. « Si on doit payer une amende parce qu’on a fait se reproduire un animal et bien, ce n’est pas grave, précise-t-il. En revanche, le parc zoologique, le refuge, le sanctuaire vont, eux, faire se reproduire les animaux à gogo car ils ont le droit. Si on interdit d’un côté, il faut interdire de l’autre ».
« Certains d’entre nous sont déterminés. Ils sont même prêts à lâcher les animaux dans la nature, et l’État les tuera. Vous voulez nous embêter mais on vous embêtera aussi« , assure-t-il. Pour Chelsea, 15 ans, sur la piste depuis toute petite, c’est une reconversion à marche forcée. « Le problème, c’est qu’on peut pas faire d’autre métier. C’est ça ou rien. Des gens ont arrêté le cirque avec les animaux et ils ont coulé », affirme-t-elle.
Pour Muriel Arnal, présidente de One Voice, l’aberration, c’est de continuer sur le même modèle. Son association de défense des animaux attaque régulièrement les compagnies de cirque. Elle estime que l’action du gouvernement est trop lente et trop faible.
« Il faut que les animaux arrêtent de se reproduire. Il faut les prendre en charge. Les autorités n’ont pas les moyens. C’est un texte qui est décevant, qui est en trompe-l’œil et qui, en plus, n’a pas été accompagné pour l’instant ni de décret, ni d’arrêté par le ministère de l’Écologie », indique Muriel Arnal.
De son côté, le secrétariat d’État à la Biodiversité confirme que seul un décret d’application sur les sanctions sera signé d’ici la fin de l’année et qu’il y a aura aussi des contrôles effectués dans les cirques.