NDLR : En visionnant cette photo d’un bassin vidé, on comprend mieux quand les dresseurs d’orques nous parlent avec émotion de « proximité avec leurs orques »… Tu m’étonnes, dans 30 cm d’eau ! Et cette armée de de pingouins casqués dans le bassin payés à se demander où placer les sangles. On les entend d’ici nous déclarer que les orques ne subissent aucun stressQuel pur scandale…
Depuis la mort d’un mâle à l’automne dernier et en perspective de l’interdiction des spectacles d’animaux sauvages en 2026, le parc Marineland manœuvre pour préparer l’évacuation des trois orques restantes
- Le parc Marineland d’Antibes prépare les trois orques de son parc à un transfert, vraisemblablement vers le Japon.
- Vendredi, une grue et des palissades ont été installées, suivies ce mardi d’une simulation.
- Ces opérations interviennent alors que Moana, une orque mâle de 12 ans, est décédé subitement cet automne et que la justice a demandé une expertise sur l’état de santé et les conditions de vies des orques.
Un bassin vidé à hauteur de flaque d’eau dans lequel barbotent docilement trois orques, autour desquels s’agitent des soigneurs et une grue : les préparatifs à l’évacuation des mammifères du parc Marineland d’Antibes ont visiblement débuté ce mardi. Une opération suivie de près par l’association de défense des animaux One Voice, qu’elle qualifie de « stress test », soit une sorte de répétition générale afin de voir comment les orques réagissent à un futur transfert.
Aussi, ces manœuvres s’effectuent dans un contexte délicat. Un jeune mâle est décédé subitement à l’automne dernier. La loi anti captivité prévoit l’interdiction de spectacle d’animaux sauvages d’ici 2026. Enfin, le parc, fermé au public depuis vendredi pour un mois comme chaque année, a besoin de réaliser des travaux et la justice a missionné une expertise sur l’état de santé et les conditions de vie des orques. Présentation, destination, opération, contexte : 20 Minutes fait le point sur ces préparatifs autour desquels un flou relatif règne.
Qui sont ces orques ?
Commençons par les présentations. Inauguré en 1970, Marineland est le seul parc français à détenir des orques. Il en possède actuellement trois après le décès « inattendu et soudain », selon le commentaire du parc, de Moana, un mâle de 12 ans, né en captivité à Antibes. Sa mère, Wikie, inséminée artificiellement et également née en captivité de parents décédés, est toujours en vie, à 22 ans. Elle vit depuis toujours dans le parc de Marineland avec son frère Inouk, 24 ans, et Keijo, son fils de 10 ans. Il y aurait, en tout, une cinquantaine d’orques en captivité dans les parcs marins du monde, selon un décompte de l’association Whale and Dolphin Conservation.
Au-delà de ces orques, les stars du parc, Marineland présente de nombreuses espèces parmi lesquelles des dauphins mais aussi des ours polaires, des otaries, des manchots, des phoques et de nombreux poissons.
Que se passe-t-il au Marineland d’Antibes ?
Si la direction du parc animalier reste muette quant aux opérations en cours, l’association One Voice effectue une vigie efficace. Ainsi, les militants, qui disposent également de relais à l’intérieur du parc, ont pu constater l’arrivée vendredi d’une grue et le dressage de palissades visant « à cacher ce qui allait se passer », estime-t-elle.
Dans une vidéo aérienne obtenue par l’association et tournée ce lundi à l’aide d’un drone, nous pouvons voir le regroupement des orques dans le plus petit des cinq bassins. Celui-ci est alors vidangé jusqu’à laisser une hauteur d’eau d’un peu moins d’un mètre environ. Une vingtaine de soignants descendent ensuite dans le bassin et s’affairent autour des cétacés. La grue s’est ensuite positionnée au-dessus des animaux et une sorte de hamac suspendu aux filins de l’engin de levage a été mis en place peu après 14 heures.
Déménager des orques qui pèsent entre 3 et 5 tonnes et mesurent de 5 à 8 mètres ne s’improvise pas. « Il semble qu’une tentative a été faite de mise dans un hamac de l’un des mâles », complète l’association. Ce « stress test » a pris fin à la nuit tombée, alors que la pluie commençait à s’abattre. Ce mercredi, les lieux semblaient calmes, confirmant l’hypothèse d’un test.
Au-delà du test, pourquoi ces manœuvres ?
Selon One Voice, Marineland préparerait la vente et le transfert par avion des trois cétacés à un zoo japonais. « Une délégation d’un parc aquatique japonais est venue ce vendredi », assure Jessica Lefèvre-Grave, chargée des relations presse de One Voice.
Un transfert qui présente pour le parc un double intérêt : éviter, dans un premier temps, une perte sèche avec la vente de ces orques si les spectacles venaient à être interdits en 2026, comme le prévoit la loi anti captivité. Un motif que tempère l’association. « En fait, la loi est un peu plus complexe que ça. Il existe des dérogations, notamment si le delphinarium se dote d’un programme scientifique et change l’objet de ses spectacles en les renommant, par exemple, “présentation pédagogique”, il pourrait les conserver », avance Jessica Lefèvre-Grave.
Une disposition en effet prévue dans la loi : « Il est interdit de détenir en captivité ou de faire se reproduire en captivité des spécimens de cétacés, sauf au sein d’établissements mentionnés à l’article L. 413-1-1 ou dans le cadre de programmes scientifiques dont la liste est fixée par arrêté du ministre chargé de la protection de la nature. »
Une autre raison qui pousserait le parc à agir ainsi est l’horizon d’une expertise sur l’état de santé et les conditions de vies des orques, décidée par la cour d’appel d’Aix-en-Provence en septembre dernier, soit avant la mort de Moana. « La préfecture et le ministère ne doivent pas se rendre complices d’une exfiltration en catimini des orques qui permettrait au Marineland de se soustraire à une expertise dont il ne veut pas. Et encore moins d’un départ des orques dans quelques mois vers un sanctuaire qui ne leur rapporterait rien », résume One Voice.
Source 20 minutes