Le nouveau rapport annuel du Réseau Ours Brun met en évidence une nouvelle augmentation de la population en 2023 mais il occulte ce qui devient la question essentielle pour l’avenir de l’ours dans les Pyrénées : la consanguinité croissante.
Tous les oursons nés en 2023 sont concernés, comme la quasi-totalité des ours présents. Certains sont les produits de parents et de grands parents déjà eux-mêmes consanguins.
La diversité génétique se dégrade et les espoirs d’amélioration sans intervention disparaissent progressivement.
Toutes les études l’affirment, mais l’Etat refuse d’agir. Pour preuve, ces extraits du mémoire de Carla Bassi, dont une synthèse est en annexe du rapport ROB 2021 :
- « On observe donc globalement une perte de diversité génétique dans la population ursine pyrénéenne depuis 2006.«
- « Le coefficient moyen de consanguinité de la population d’ours brun des Pyrénées a plus que doublé entre 2006 et 2020.«
- « la population d’ours brun des Pyrénées, en dépit de son essor démographique depuis 1996, présente des risques génétiques substantiels qui pourraient menacer la viabilité de la population à plus ou moins long terme.«
- Et de conclure en soulignant « l’importance d’adopter des mesures de conservation visant à favoriser une augmentation de la diversité génétique et de la taille efficace de la population d’ours brun des Pyrénées si on veut assurer la viabilité de la population même à court terme.«
Or, la situation s’est encore dégradée depuis 2021 et ne fait que s’empirer.
Les espoirs incarnés par des individus potentiellement améliorateurs étaient déjà rares, ils disparaissent les uns après les autres : Certains ne se sont jamais reproduits (Palouma, Franska, Sarousse, Cannellito, Claverina), d’autres sont disparus avec leur rare descendance (Balou, Goiat), d’autres encore laissent une maigre lignée (Néré).
Bilan ? Comme le montre de manière évidente cette nouvelle mise en forme de l’arbre généalogique des ours, la population actuelle repose très largement sur 2 femelles : Mellba (en vert) et Hvala (en rose). Et du côté des mâles, c’est pire : plus de 85% des individus nés depuis 1996 sont les descendants d’un mâle : Pyros.
Le lâcher de deux femelles en 2018 n’a hélas pas changé la donne : une seule a eu des oursons encore vivants, avec un mâle lui-même descendant du mâle ultradominant Pyros …
Qui peut sérieusement prétendre reconstituer une population viable avec 2-3 femelles et 1 mâle ?
Nous ne pouvons plus nous contenter de la courbe d’évolution de la population avec laquelle on cherche à nous rassurer. La population d’ours est en mauvais état de conservation, et les perspectives se dégradent.
Pourtant la solution est connue, et elle est simple : il faut d’urgence apporter du sang neuf, car plus on laissera se dégrader la situation, plus il sera difficile de la corriger.