Décembre 2016. La Confédération paysanne (deuxième syndicat agricole français) publie une brochure : Loups et pastoralisme, l’impossible cohabitation. Le pamphlet est symptomatique de l’opposition radicale créée entre les loups et le monde pastoral, et entretenue par des franges (quasi) irréconciliables des paysages agricoles et écologistes.
Alors que le loup s’installe désormais durablement, le moment semble opportun pour faire un pas de côté et rationaliser un sujet en proie aux plus vifs affects.
Ce que vous allez apprendre
- La présence des loups contraint les exploitations à réaliser de lourds sacrifices
- L’État demeure trop peu dynamique et subit des critiques jusqu’en interne
- Pastoralisme et biodiversité sont remarquablement liés
Loup et pastoralisme : interactions complexes
Tout d’abord, reconnaissons qu’il peut paraître légitime de se poser la question suivante : « la cohabitation est-elle possible ? », l’élevage ovin subissant de très lourdes pertes à la suite de la prédation des loups. Les chiffres sont clairs à ce sujet. Cependant, à l’heure où cette question gagne en audience à l’échelle nationale, sa complexité se voit de plus en plus lissée. Elle perd sa rugosité.
Loup ou chien errant ?
Des chiens ont toujours prédaté des troupeaux. Ces attaques sont en grande majorité le fait de chiens de voisinage, pas réellement errants mais seulement divagants. Il convient de préciser qu’elles sont rares. Quantitativement, elles sont sans commune mesure avec les attaques de loups.
La couverture médiatique du sujet « du loup » s’intensifie et s’instrumentalise considérablement. Dans ce contexte, l’intérêt du traitement réside au contraire dans le fait de lui faire retrouver sa profondeur. En somme, sortir des querelles stériles entre des franges parfois butées de deux communautés trop souvent opposées : les agriculteurs et les écologistes. Les uns souhaitant alors l’éradication du loup, les autres prônant la disparition du pastoralisme.
Revenons d’abord à la lettre du débat. Le pastoralisme se définit comme l’élevage extensif, qu’il soit transhumant, herbassier ou fixe. Il utilise les seules ressources fourragères naturelles du milieu pour l’élevage des bêtes. Il rentre donc de prime-abord dans une démarche agro-écologique, paysanne. Le monde sauvage, quant à lui, correspond au vivant non-domestique ; soit à toute la biodiversité qui n’est pas sous la houlette de l’homme. Si le sauvage n’est pas domestiqué, il peut toutefois être influencé par les activités anthropiques.
Par ailleurs, relevons une chose : les loups incarnent la biodiversité. Ils sont le sauvage. Composer avec eux revient concrètement à faire un grand pas vers la préservation de la biodiversité. Il est donc possible de considérer que ne pas résoudre le problème, c’est condamner soit l’élevage paysan, soit le vivant. C’est abdiquer face à la nécessité d’une transition écologique massive. La situation relève donc d’une très fine complexité : il s’agit de trouver le bon équilibre afin d’avancer sur une ligne de crête et d’assurer la cohabitation.
Cet article a aussi pour but d’attirer l’attention sur un acteur trop souvent omis des réflexions : l’État. Tout bien considéré, marier nécessités écologiques et vivification du pastoralisme français constitue une de ses attributions. Plus même, un de ses devoirs. S’il essaye aujourd’hui de trouver un compromis, il demeure politiquement mou : il ne souhaite pas se mouiller, au risque de souffler sur les braises d’une opposition rendue bêtement binaire. Il reste donc en retrait. Il bégaie. Pourtant, lui seul a la capacité de consacrer l’agriculture paysanne, extensive et le monde sauvage. Lui seul peut guider durablement vers la cohabitation…….
Article complet sur le blog du Défi écologique : ICI