Le 23 février dernier, une enquête de plusieurs mois réalisée par 17 médias internationaux révélait une catastrophe écologique : 17 000 sites sont contaminés en Europe – dont 2 100 à des niveaux dangereux pour la santé – par des Substances PerFluoroAlkylées (PFAS), ou « polluants éternels ».
Que sont les PFAS ?
« D’après notre estimation prudente, l’Europe compte plus de 17 000 sites contaminés à des niveaux qui requièrent l’attention des pouvoirs publics (au-delà de 10 nanogrammes par litre). La contamination y atteint des niveaux jugés dangereux pour la santé par les experts que nous avons interrogés (plus de 100 nanogrammes par litre) dans plus de 2 100 hotspots »
, indique Le Monde, qui a participé à l’enquête.
Les journalistes ont également localisé vingt usines de production de PFAS, dont cinq en France, et 230 usines identifiées comme utilisatrices de PFAS, des composés chimiques de synthèse quasi-indestructibles, dotés de propriétés anti-adhésives et imperméables, utilisés dans l’industrie et présents dans des objets de la vie courante : produits en Teflon, emballages alimentaires, textiles, automobiles.
Plus de 330 espèces animales contaminées
Cette contamination de l’environnement à travers le monde, y compris dans des zones éloignées de l’homme, a de lourdes conséquences pour la faune sauvage. L’organisation Environmental Working Group (EWG) a fait la synthèse de 125 études scientifiques sur le sujet, et a reporté tous les résultats sur une carte interactive. On découvre ainsi que plus de 330 espèces animales sont contaminées par ces composés chimiques ultratoxiques. Outre l’espèce, la carte indique également le lieu où les animaux ont été testés et quels types de substances ont été détectés.
Plancton, concombre de mer, panda roux, huître, tortue imbriquée, loutre, criquet… Aucune espèce n’est épargnée, y compris les espèces menacées, ou en danger critique d’extinction.
En France, ce sont au moins sept espèces qui ont été recensées : trois goélands sur l’île de Ré, trois poissons d’eau douce dans le Rhône et une anguille dans la Loire.
Bio amplification : les super prédateurs particulièrement touchés
« Aujourd’hui, on retrouve ces composés dans un grand nombre d’écosystèmes et d’espèces. Même les plus isolées ne sont pas épargnées,
explique au Parisien Pierre Labadie, chercheur en écotoxicologie et chimie environnementale au CNRS. Chez les êtres vivants, ces PFAS peuvent persister et s’accumuler dans l’organisme. Il peut y avoir un transfert de ces composés vers le prédateur, c’est ce qu’on appelle la bio amplification. »
L’étude montre enfin que les super prédateurs, au sommet de la chaîne alimentaire, sont particulièrement touchés. C’est le cas des ours polaires, contaminés par une dizaine de PFAS, alors qu’ils vivent loin des hommes.
Source : GEO