Les coccinelles n’aiment pas le bruit… mais encore moins le rock, selon une étude publiée dans la revue Ecology & Evolution. A volume élevé, elles dévorent moins de pucerons.«Le rock’n’roll n’est pas une pollution sonore»[i]
, chantait le groupe australien AC/DC en 1980. Faux, leur rétorquent Brandon Barton, biologiste à l’université d’Etat du Mississippi, et ses collègues: les chercheurs montrent que les coccinelles sont non seulement sensibles à la pollution sonore urbaine, mais qu’elles réagissent aussi au rock, en particulier à AC/DC.
Sous ses abords anecdotiques, l’étude a un réel intérêt biologique: à ce jour, rares sont les études à avoir évalué l’effet de la pollution sonore sur les invertébrés. Celle-ci montre que les insectes y sont très sensibles: exposées à un volume élevé, des coccinelles consomment moins de pucerons, signe d’une forte baisse d’activité.
UN EFFET INDIRECT SUR LA BIOMASSE VÉGÉTALE
Mis en présence de bruit urbain (enregistrements d’automobiles et de sirènes d’alarme), les bêtes à bon Dieu consomment environ 30% moins de pucerons, de même qu’avec une compilation rock ou à l’écoute de «Back in Black», tube d’AC/DC, montrent les chercheurs. Avis aux agriculteurs fan de hard rock: AC/DC affecte non seulement les coccinelles, il augmente le nombre de pucerons et diminue la biomasse végétale.
Certes, le volume sonore semble un facteur crucial: lorsque celui-ci est abaissé, les coccinelles retrouvent un peu leur appétit. Plus étonnant, les coléoptères semblent ne pas souffrir (par indifférence musicale?) à la musique country, même lorsqu’elle est diffusée à même volume qu’AC/DC.
«Sil est difficile de déterminer quelles caractéristiques du son génère de tels effets, nos résultats invalident l’hypothèse émise par AC/DC, et démontrent au contraire que l’altération d’interactions entre espèces, du fait d’une perturbation d’origine anthropique, peut se transmettre à travers une communauté écologique», concluent les chercheurs.
Le Journal de l’Environnement/Romain Loury