La COP 26 de Glasgow se termine ce soir. Ne soyons pas trop pessimistes, d’importantes décisions ont été prises, à l’instar de la déclaration conjointe des Etats-Unis et de la Chine (les deux plus gros pollueurs mondiaux) « sur le renforcement de l’action climatique ». Une coopération salutaire à l’heure où notre planète se trouve dans une situation dramatique. Mais pour France Nature Environnement, des mesures plus fortes en faveur des énergies renouvelables, de la protection des fonds marins et de la préservation de la biodiversité doivent être prises urgemment.Les océans, grands absents des négociations de cette COP 26
Nos océans occupent 70% de la planète et sont encore capables d’absorber 25% des émissions de carbone. Aujourd’hui nous sommes stupéfaits de constater le peu de temps accordé aux océans dans les COP, notamment de la part des pays qui ont les plus grandes ZEE (Zone économique exclusive) comme la France ou les Etats-Unis.
Elodie Martinie-Cousty, vice-présidente du CESE, et Pilote du réseau Océans, Mers et Littoraux : « On sort de la COP 26, avant il y a eu le Congrès Mondial de l’UICN où la France a refusé d’approuver le moratoire sur les extractions minières des grands fonds et ne finance pas ses propres aires marines protégées. Pendant la COP 26 les USA n’ont pas rejoint la coalition des pays « Beyond Oil and Gas Alliance» (ces pays ont prévu d’arrêter d’ici dix ans la production de gaz et de pétrole). Le One Ocean Summit prévu en France en février 2022 a donc des chances d’être aussi décevant et fatal. La COP27 devra donc être à 70% BLEUE et basée exclusivement sur la restauration des océans et de l’ensemble des écosystèmes et à leur financement. »
Mettre fin aux énergies fossiles, miser sur les énergies renouvelables
A chaque COP, le constat est le même : la production d’énergies fossiles est la contribution la plus importante aux émissions de gaz à effet de serre depuis plus de 200 ans. L’abandon de toutes les énergies fossiles doit se faire immédiatement, et en ce sens nous saluons l’annonce de la ministre de la transition écologique, vendredi, qui prévoit la fin des financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles d’ici fin 2022. Nous veillerons à ce que cette annonce soit suivie d’un véritable plan d’actions et qu’elle ne soit pas l’opportunité de justifier la construction de nouveaux EPR ou SMR.
« Si le nucléaire paraît offrir une solution décarbonée, il est totalement incompatible avec les Objectifs de développement durables (ODD) instaurés par les Nations unies. En revanche toutes les filières d’énergies renouvelables (EnR) sont matures : leur mise en œuvre peut se faire beaucoup plus rapidement que des centrales nucléaires, les EnR ne requièrent pas des technologies sophistiquées et les coûts de production sont compétitifs. Contrairement aux énergies fossiles dont les stocks sont gérés par quelques Etats, le soleil et le vent sont disponibles sur l’ensemble de la planète. La mise en œuvre des énergies renouvelables doit donc être favorisée à grande échelle », affirme Michel Dubromel, pilote du réseau Energie au sein de France Nature Environnement.
A Glasgow, la biodiversité est « out »
A Glasgow, les océans, les forêts, la bonne santé des écosystèmes, les enjeux agricoles-alimentaires ou les questions de changement d’usage des sols ont été minorés : soit ils ont été vus sous le prisme de leur capacité à stocker du carbone indépendamment de la question de leur bon état, indispensable pour assurer cette fonction, soit ils ont été minorés dans l’ensemble des autres services qu’ils rendent à l’humanité, à commencer par la production d’eau et de biens alimentaires. Pourtant, une biodiversité en bon état est essentielle : près de 75 % des récoltes dépendent de la présence d’insectes pollinisateurs et les deux tiers des ressources en eau douce sont filtrées par les forêts, d’après les chiffres de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). L’urgence d’accélérer la transition agro-écologique pour assurer la sécurité alimentaire, dans un contexte d’impacts croissants du dérèglement climatique, n’ont pas été l’objet d’engagements, pas plus que la réorientation de la gestion des forêts.
Jean-David Abel, Pilote du réseau Biodiversité au sein de France Nature Environnement : « On se pince pour le croire : cette COP se tient pendant une pandémie mondiale qui souligne l’interdépendance entre la santé humaine et le bon état des milieux naturels, pourtant, tout continue « comme avant ». La prise en compte du fait que changement climatique et dégradation du vivant ne sont pas deux phénomènes distincts mais qu’ils sont deux manifestations d’une même crise n’a pas avancé. Et pourtant, le seul futur possible dépend de la capacité de l’humanité à prendre en compte la totalité de son empreinte écologique, à ramener ses impacts globaux dans les capacités de la biosphère pour respecter les équilibres géo-biologiques. On en est encore loin, et l’irresponsabilité des décideurs politiques et économiques cherche encore ses limites, d’engagements lointains sans plans d’action contraignants à la multiplication de communications faussement volontaristes, déconnectées de décisions et allocations de moyens indispensables. »