Arrêter de détruire les forêts naturelles ne permettrait pas seulement de diminuer nos émissions de carbone : cela permettrait d’en capter une part considérable. Telle est la conclusion d’une vaste étude internationale, menée par plus de 200 chercheurs et publiée dans la revue Nature le 13 novembre.
En combinant données de terrains et observations par satellites, les scientifiques ont évalué le potentiel de stockage de carbone supplémentaire par les forêts, si on leur permettait de se déployer pleinement. Résultat : quelque 328 milliards de tonnes de carbone de plus pourraient être contenus dans les forêts du monde au maximum, en l’absence totale d’influence humaine.
En excluant les zones urbaines, agricoles et pastorales, de fait impossibles à reforester, les chercheurs évaluent tout de même à 226 milliards de tonnes de carbone le potentiel des forêts. Pour près de deux tiers (61 %), ce stockage serait obtenu simplement en protégeant les forêts existantes et en leur permettant d’atteindre leur maturité. Les 39 % restants seraient obtenus en restaurant les forêts fragmentées et en les gérant durablement.
Ces 226 milliards de tonnes représentent une masse considérable : c’est le tiers de tout le CO2 émis par nos activités depuis le début de l’ère industrielle. Retrouver ce stockage potentiel demanderait toutefois un effort radical, puisque nous continuons chaque année à aggraver la déforestation à l’échelle mondiale, et que la moitié des forêts naturelles a déjà disparu à cause de nos activités, soulignent les auteurs.
Le calcul est très théorique et ne prend pas en compte avec finesse la réalité propre à chaque territoire concernant l’usage des terres et les enjeux et difficultés à laisser s’y épanouir les forêts. Néanmoins, conclut l’étude, « quand elle est menée de manière socialement et écologiquement responsable, la promotion de forêts diversifiées peut contribuer de manière substantielle à la réalisation de nos objectifs, à la fois pour le climat et la biodiversité ».
Source : Reporterre