Àla veille de la conférence internationale sur le climat de Paris, les débats se multiplient. Le seuil critique d’une augmentation globale de 2 °C est-il trop élevé ? Comment réinventer une économie décarbonée ? Comment trouver un accord équitable entre pays du Sud, économies en développement mais qui émettent des quantités croissantes de gaz à effet de serre, et pays développés, aux économies en transition mais qui ont bâti leur croissance passée sur la surconsommation des énergies fossiles ?
Dans ce feu d’artifice médiatique, on entend peu d’experts et de personnalités insister sur les relations inextricables entre climat et biodiversité. La dimension négative de ce lien, à savoir que les changements climatiques vont fortement accentuer l’érosion engagée de la biodiversité, est cependant fréquemment évoquée. La sixième vague d’extinction, déjà bien entamée, va s’amplifier sous l’effet des changements globaux, c’est un fait !
La disparition d’environ 25 % des espèces vivantes d’ici à 2050 est même annoncée par les scientifiques. Par contre, la relation positive entre climat et biodiversité est peu souvent mise en exergue. La biodiversité est pourtant notre meilleure alliée pour mitiger les conséquences des changements climatiques. Les océans et les forêts, puits naturels de carbone, absorbent le plus de CO2, les mangroves et les récifs coralliens nous protègent – un peu – de la montée du niveau des océans, les zones humides limitent les crues dévastatrices.
La liste des biens et des services que nous procure la biodiversité dans ce contexte de bouleversements climatiques est longue.
Mais pour bénéficier de tous ces bienfaits, une condition est nécessaire ! Il faut que l’usine de la nature fonctionne à plein régime. Et cela est lié au bon état de conservation des écosystèmes, de la biodiversité ordinaire qui nous entoure, à savoir le degré de naturalité et de connectivité des milieux naturels, qui sont les deux mamelles de leur fonctionnalité. Or, beaucoup de ces milieux naturels sont fortement dégradés par l’urbanisation, l’agriculture intensive, la pollution et bien d’autres causes.
Pour sauver le climat, investir sur la biodiversité relève donc du bon sens. En restaurant la nature, l’homme peut améliorer la résilience des écosystèmes aux changements climatiques, et ainsi mieux se protéger de ses excès. C’est aussi un choix de société. Nous devons rebâtir un monde durable, soit, mais aussi vivant.
Arnaud GRETH Président fondateur de Noé
Source : Libération