Les oiseaux chanteurs d’Asie sont menacés d’extinction en raison des trafics illégaux. La Conférence annuelle de l’Association européenne des zoos (EAZA), réunie fin septembre à Athènes, a confirmé l’engagement des parcs zoologiques européens dans l’action pour les sauver.
Les oiseaux chanteurs font l’objet d’une « consommation » excessive dans le sud-est asiatique, comme animaux de compagnie, pour des concours de chant, pour la médecine, ou simplement comme symbole de statut social. Le trafic concerne des centaines d’espèces et des millions d’oiseaux chaque année. Ce commerce est souvent illégal, et il n’est de toute évidence pas durable : l’Indonésie, par exemple, abrite l’une des plus grandes quantités d’espèces d’oiseaux menacées d’extinction dans le monde. Plus de 850 espèces d’oiseaux, objet de fortes menaces, nichent ans la Grande région de la Sonde (Brunei, ouest de l’Indonésie, Singapour, la Malaisie, sud du Myanmar et sud de la Thaïlande,) mondialement comme un point chaud de biodiversité avec des niveaux élevés d’endémisme.
A Athènes, les 831 délégués représentant les zoos de 55 pays d’Europe et du Moyen-Orient ont réaffirmé leur détermination à œuvrer à la conservation de ces oiseaux, à travers la campagne Silent Forest, conduite en partenariat avec plusieurs ONG internationales, parmi lesquelles Birdlife, Traffic ou l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). « La proposition de cette campagne pour les oiseaux chanteurs asiatiques a été soumise par le groupe de travail TASA (Threatened Asia songbird Alliance), qui a recommandé à l’EAZA les actions susceptibles d’améliorer la situation », explique Lucia Schröder, responsable pédagogique du zoo de Cologne (Allemagne). « Même si le commerce avec l’Europe n’est pas la principale menace pour ces espèces, il est important que les oiseaux menacés en Indonésie soient inscrits sur la liste des espèces protégées. C’est le seul moyen d’intenter une action en justice en cas de trafic. La mobilisation des Européens peut conduire les populations des pays d’Asie à modifier leur regard sur leur faune sauvage ! »
Les trois objectifs de la campagne sont d’une part d’améliorer la situation des oiseaux chanteurs asiatiques dans leur habitat naturel et d’autre part de développer une meilleure compréhension des menaces qui pèsent sur ces oiseaux et de la manière dont les zoos peuvent contribuer à les sauver, et enfin de sensibiliser le public des parcs européens à la situation de ces espèces sensibles.
En France, 27 zoos de toutes tailles, membres de l’Association Française des Parcs Zoologiques (AFdPZ), prennent part à la campagne « Silent forest », de diverses manières. Le zoo de la Citadelle de Besançon a ainsi organisé une collecte de fonds via une tombola et une augmentation d’1€ de son prix d’entrée. Les fonds recueillis serviront notamment à financer des postes de gardes forestiers en Asie du sud-est pour prévenir le piégeage et le trafic d’oiseaux. « Cette campagne nous donne aussi l’occasion de sensibiliser le public à la situation des passereaux d’Europe, qui sont eux aussi en fort déclin, explique Margaux Pizzo, la directrice du zoo. Nous avons montré des images de pratiques cruelles et qui mettent en péril les espèces : chasse à la glu, ortolans frits. La réglementation française n’est pas assez stricte, nous espérons que cette mobilisation contribuera à la faire évoluer ».
En plus des actions de collecte de fonds et de sensibilisation, les équipes des zoos de la Citadelle de Besançon, du Parc de Pescheray (Sarthe), de Zoodyssée (Deux-Sèvres) et du Zoo de La Flèche (Sarthe), ont tourné des vidéos pour un « mannequin challenge » lancé par l’AFdPZ. D’autres parcs se sont déjà montré intéressés ou engagés à réaliser cette action fédératrice lançant un cri d’alerte : Le Zoo de Fort Mardyck (Nord), le Zoo de Jurques (Calvados), Le Pal de Saint-Pourçain-sur-Besbre (Allier), le Zoo d’Asson (Pyrénées-Atlantiques) et le Parc Animalier et Botanique de Mulhouse.
Plus d’infos : www.silentforest.eu
photo : Leiothrix argentauris mâle