One Voice publie en ce mois d’octobre 2023 la quatrième mesure de l’opinion des Français vis-à-vis de la chasse effectuée par l’institut Ipsos* (les précédentes datent de 2018, 2021 et 2022).La part des Français se déclarant opposés à la chasse atteint le plus haut niveau jamais observé (53 %), soit une hausse de cinq points en un an. Pour la première fois, une majorité de personnes vivant dans les zones rurales se disent opposées à la chasse.Engagée depuis près de trente ans avec une vision unitaire entre les animaux, les humains et la planète, One Voice se réjouit de ce désamour grandissant entre les Français et la chasse, né d’une prise de conscience de ce qu’est ce loisir : un problème mortel. Analyse des résultats.
Le déploiement d’un arsenal juridique varié pour les animaux…
One Voice (seule ou avec ses partenaires) a ainsi récemment remporté de nombreuses victoires en justice contre l’État au niveau local et/ou national : la suspension répétée et l’annulation des arrêtés des chasses traditionnelles et à la glu, celles sur les autorisations de déterrer des blaireaux en quasi-période de reproduction, la protection des ours, pour ne mentionner que les principales.
Parmi les affaires en cours, la défense d’espèces protégées tels les galliformes de montagne, mais aussi des mal-aimés : ceux d’espèces dites « susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD).
… et les humains
La garantie de la sécurité des promeneurs et ruraux dans leur ensemble est également une considération essentielle pour l’équipe de One Voice (tout comme 89 % des répondants au sondage qui estiment que la chasse pose des problèmes de sécurité). Aussi une procédure au Conseil d’État a-t-elle été engagée pour demander à la Première ministre de faire le nécessaire au plus vite. Les Français approuvent les mesures d’interdiction ou de contrôle de la chasse, notamment la mise en place d’une visite médicale annuelle avec contrôle de la vue (93 %), mais aussi l’interdiction de la chasse deux jours par semaine et durant les vacances scolaires (85 %). Pourquoi ne pas le faire ?
Ce sondage permet d’objectiver l’adhésion massive de la population à l’ensemble de ces combats.
Les principaux enseignements
- La part des Français se déclarant opposés à la chasse atteint le plus haut niveau jamais observé (53 %), soit une hausse de cinq points en un an. Pour la première fois, une majorité de personnes vivant dans les zones rurales se disent opposées à cette pratique.
- Dans le détail, la chasse est toujours associée à plusieurs dimensions négatives, notamment en matière de sécurité pour les promeneurs (89 % estiment qu’elle pose des problèmes de sécurité).
- Malgré cette perception négative, les Français continuent de partager certains arguments favorables à la chasse et notamment l’idée qu’elle peut avoir un rôle utile dans le contrôle de la faune sauvage.
- Critiques vis-à-vis de la chasse, les Français approuvent les mesures d’interdiction ou de contrôle, notamment la mise en place d’une visite médicale annuelle avec contrôle de la vue (93 %), mais aussi l’interdiction de chasser deux jours par semaine et durant les vacances scolaires (85 %).
La part des opposants à la chasse atteint un niveau jamais égalé
Après une légère baisse en 2022, la part des Français qui se déclarent opposés à la chasse atteint son plus haut niveau (53 %, dont 25 % qui se disent tout à fait opposés à la chasse). Cette proportion est en hausse de cinq points par rapport à 2022. On observe en outre une baisse de la part des répondants déclarant être indifférents à cette question (22 %, -4 points). Pour la première fois, cette opposition à la chasse devient majoritaire chez les personnes vivant dans une commune rurale (51 %, +3 points).
L’écart de perception entre hommes et femmes sur le sujet de la chasse se réduit cette année. Si les femmes sont toujours plus nombreuses à se dire opposées à cette pratique (60 % contre 45 % des hommes), cette proportion est relativement stable (+1 point) tandis que celle des hommes progresse fortement (+8 points).
Dans le détail, la chasse est toujours associée à des dimensions négatives
La chasse est toujours perçue par une très grande majorité de répondants (89 %, +2 points) comme posant des problèmes de sécurité pour les promeneurs lors de balades dans la nature, 58 % étant même tout à fait d’accord avec cette idée.
Ce problème de sécurité a été vécu concrètement par un grand nombre de Français. 74 % d’entre eux déclarent ainsi avoir déjà été inquiets de la possible présence de chasseurs lorsqu’ils se promenaient en forêt, et 73 % avoir déjà évité de se promener en forêt ou dans certaines zones par peur d’un accident de chasse. L’expérience de cette inquiétude est encore plus forte pour les personnes résidant près d’une zone de chasse (respectivement 81 % et 80 %, une proportion en hausse par rapport à 2022).
Dans le même temps, la chasse n’est pas considérée comme un loisir comme un autre (64 % considèrent que ce n’est pas le cas) et sept Français sur dix l’associent à une pratique cruelle (+5 points en un an).
Cette perception négative est plus souvent partagée par les femmes, mais une majorité claire des hommes considèrent également la chasse comme posant des problèmes de sécurité et comme une pratique cruelle. On observe en revanche peu de différences entre les habitants des communes rurales et des communes urbaines.
La chasse représente également un risque pour l’environnement. Pour 82 % des Français, la quantité de plomb et de plastique générée par les tirs des chasseurs est une menace importante pour la nature, 39 % estimant même qu’il s’agit d’une menace très importante. Les plus jeunes se montrent particulièrement sensibles à ce sujet : 89 % des moins de 35 ans estiment que c’est une menace importante, contre 75 % des 60 ans et plus.
Cependant, certains arguments favorables à la chasse font toujours l’objet d’une approbation par les Français
Si les Français ont une perception négative de la chasse, ils adhèrent toujours à certains arguments en sa faveur. En premier lieu, ils considèrent qu’elle peut avoir un rôle utile. 66 % estiment qu’elle permet de gérer les populations animales, et 60 % qu’elle permet de limiter les « dégâts » causés par la faune sauvage.
Les personnes résidant dans des zones rurales ont davantage tendance à trouver un rôle utile à la chasse : 72 % d’entre elles considèrent qu’elle permet de gérer les populations animales (contre 64 % des personnes vivant dans une zone urbaine) et 67 % qu’elle permet de limiter les « dégâts » causés par la faune sauvage (contre 58 %).
Au-delà de cet aspect utilitaire, la chasse est associée au mode de vie rural par 62 % des Français, sans grande différence de perception entre urbains et ruraux : les personnes résidant dans les zones rurales sont 65 % à partager cette idée, contre 61 % de celles résidant dans des zones urbaines.
Les mesures visant à l’encadrement de la chasse sont toujours largement plébiscitées
Majoritairement d’accord avec les arguments critiques à l’endroit de la chasse, les Français approuvent à une large majorité les mesures visant à un meilleur encadrement de la pratique. La majorité d’entre eux se déclarent favorables à la mise en place de chaque mesure, et pour la plupart de celles-ci, une majorité se dit même tout à fait pour.
La mesure la plus plébiscitée est l’instauration d’une visite médicale annuelle, avec contrôle de la vue, pour le permis de chasse (93 % sont pour, dont 72 % tout à fait pour), devant l’interdiction de la chasse en enclos (92 %, dont 79 % tout à fait pour) et l’interdiction de la chasse dans les espaces protégés (91 %, dont 70 % tout à fait pour). Concernant ces trois éléments, on constate une hausse de l’approbation (respectivement +1, +13 et +3 points par rapport à 2022).
Autre mesure qui suscite l’approbation d’une grande majorité de Français, l’interdiction de chasser ou piéger deux jours par semaine et durant l’intégralité des vacances scolaires (85 % sont pour, soit une hausse de quatre points, dont 59 % tout à fait pour).
L’interdiction de la chasse à courre est également soutenue par une grande majorité de répondants (83 %, dont 61 % qui sont tout à fait pour), tout comme l’interdiction de chasser des animaux à l’intérieur de leur terrier (84 %, dont 57 % tout à fait pour) ou d’élever des animaux destinés à être relâchés pour la chasse (78 %, dont 54 % tout à fait pour).
L’interdiction des dérogations permettant des tirs létaux sur les loups ou des tirs d’effarouchement sur les ours est approuvée par une majorité de répondants (respectivement 70 % et 64 %), mais dans les deux cas seule une minorité de répondants se déclarent tout à fait pour (43 % et 37 %).
Au-delà de ces différentes mesures, une grande majorité de Français sont d’accord avec le principe d’interdire la chasse dans les régions ayant souffert de la sécheresse cet été (87 % sont d’accord, dont 53 % qui se déclarent tout à fait d’accord). Les habitants des zones rurales, s’ils sont majoritairement pour, se montrent moins favorables à cette interdiction que les habitants des zones urbaines (81 % contre 89 %).
* L’enquête a été réalisée du 4 au 6 octobre 2023 auprès de 1000 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française âgée de 18 à 75 ans. L’échantillon a été interrogé par Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos (méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région).