En dépit de la dernière recommandation de l’Union européenne, la France refuse de fermer temporairement des zones de pêche. Encore une fois, des milliers de dauphins vont mourir dans les filets et s’échouer sur nos côtes. Nous le rappelons ici, ces échouages massifs sont une réelle menace pour la préservation de l’espèce. Devant l’inaction française, France Nature Environnement saisit le Conseil d’Etat en référé pour faire retrouver la raison à la Ministre de la Mer.Depuis 30 ans, les dauphins s’échouent massivement sur nos côtes
Les premiers échouages massifs de petits cétacés ont été constatés il y a déjà plus de 30 ans le long des côtes atlantiques françaises. Ce sont principalement des dauphins communs avec des traces de capture que l’on retrouve échoués, confirmant ainsi la mort dans un engin de pêche. Depuis 2016 les scientifiques alertent sur des mortalités qui sont de plus en plus importantes : cela représente entre 5 000 et 10 000 dauphins morts chaque année. Depuis 1990 ce sont près de 90 000 dauphins communs qui ont été massacrés au large de nos côtes, avec pour cause bien identifiée certaines pêcheries : chaluts de fond, chaluts pélagiques simple ou en boeuf, fillets maillants fixes calés au fond et seines danoises principalement, de bateaux en grande majorité français.Ces taux de mortalité ne sont pas soutenables sur le long terme pour la survie du dauphin commun, pourtant espèce protégée au niveau français et européen.
En dépit de la recommandation de la Commission européenne, la France fait la sourde oreille
Devant cette situation alarmante les scientifiques, les diverses instances européennes et internationales recommandent toutes l’application de mesures concrètes de fermeture temporaire des pêches pour réduire drastiquement les prises accessoires de dauphins. Début octobre 2021 la Commission européenne a demandé à la France d’agir en ce sens, en lui donnant une dernière chance de respecter ses obligations pour protéger sa biodiversité marine. Mais la réponse apportée le 5 Novembre ne propose aucune mesure de fermeture temporaire : la France ne fera rien pour réduire l’hécatombe.
« Le gouvernement fait encore la sourde oreille pour ménager les pêcheries responsables, pour des raisons électorales. Est-ce que ce sujet européen sera évoqué au One Ocean Summit en février 2022 à Brest ? », dénonce Jérôme Graefe, juriste au sein de France Nature Environnement.
France Nature Environnement saisit en urgence la justice pour ordonner la fermeture temporaire de la pêche
France Nature Environnement refuse de laisser mourir la biodiversité de l’océan sans agir. Nous saisissons ce jour par la voie d’une procédure d’urgence, le Conseil d’État, pour faire suspendre provisoirement la pêche dans le golfe de Gascogne et sauver les milliers de dauphins d’une mort certaine. Notre association demande à la justice d’ordonner provisoirement la fermeture localisée de la pêche, mesure écologiquement, économiquement et socialement raisonnable. Pour Elodie Martinie-Cousty pilote du Réseau Océans, mer et littoraux de France Nature Environnement : « La fermeture temporaire de certaines pêcheries peut être financée par le fonds FEAMPA de l’Union Européenne ou via l’aide accordée au secteur dans le cadre du plan de relance. La biodiversité doit cesser d’être continuellement dégradée pour des raisons économiques non anticipées. »