Il avait délibérément tiré sur 2 vautours protégés, le tribunal de Valence a condamné ce 6 décembre un éleveur drômois à 4 mois d’emprisonnement avec sursis, la privation de son droit de chasse pour 2 ans et plus de 30 000€ de réparation des préjudices des associations environnementales. Une condamnation attendue par FNE AURA et Frapna Drôme Nature Environnement, parties civiles, au regard des enjeux. En effet, la destruction de ces 2 vautours menace directement la survie de leurs espèces toutes entières sur le territoire français, aujourd’hui au bord de l’extinction.
Les faits
Le 31 décembre 2022, un éleveur de brebis drômois a abattu deux vautours, un vautour moine et un gypaète barbu. Grâce à une enquête poussée et solide des services de police de l’Office Français de la Biodiversité (OFB), il a pu être confondu et a comparu le 6 octobre 2023 devant une salle comble au tribunal judiciaire de Valence pour destruction illégale d’espèces protégées. FNE AURA et Frapna Drôme Nature Environnement sont parties civiles dans cette affaire aux côtés d’une dizaine d’autres associations environnementales, mobilisation qui témoigne de la gravité de l’affaire.
Vautours moines et gypaètes barbus, deux espèces en danger d’extinction
Les gypaètes barbus et les vautours moines sont deux espèces dont la survie est loin d’être assurée en France. Ces deux espèces avaient totalement disparu des Alpes françaises au cours du XXème siècle. En 2023, on compte moins de 25 couples de gypaètes et 21 de vautours moine à l’Est de la vallée du Rhône. Ce n’est qu’à force de programmes de réintroduction que ces espèces reconquièrent peu à peu leur place au sein de nos écosystèmes. Mais cette tendance est fragile, le taux de reproduction de ces rapaces étant très bas et les menaces permanentes, notamment les tirs et empoisonnements. Ces espèces sont donc loin d’être sauvées et chaque individu représente une valeur patrimoniale inestimable.
Une cohabitation importante pour l’économie du territoire
Il n’est plus tolérable aujourd’hui de se cacher derrière les vieux mythes de vautours prédateurs, tueurs de brebis, comme le fait cet éleveur qui, heureusement, n’est pas représentatif de la profession. Ces rapaces charognards qui se nourrissent de carcasses sont tout au contraire de véritables auxiliaires de l’activité d’élevage par leur fonction d’équarrisseurs naturels. Dans les Baronnies, ce sont ainsi une centaine d’éleveurs qui comptent sur les vautours pour les débarrasser de plus de 90 tonnes de carcasses par an. Sans compter l’activité touristique générée par le spectacle naturel impressionnant de ces espèces charismatiques et patrimoniales.
Tirer un vautour c’est ainsi non seulement condamner l’espèce, mais c’est aussi jouer contre son propre territoire.
Cette condamnation vient rappeler la nécessaire et bénéfique cohabitation entre l’Homme et les vautours, et assène un message clair : pas d’impunité pour les délinquants qui détruisent des espèces protégées.