Un accord de dernière minute sauve la COP16.2, mais le financement post 2030 devra reposer en grande partie sur le secteur privé

La COP16, entamée à Cali fin 2024, s’est achevée fin février, lors d’une 2nde session, à Rome, après des négociations une fois de plus très compliquées, aboutissant néanmoins à un compromis sur le financement de la biodiversité. Comme prévu par l’Article 11, un fonds devra être placé sous l’autorité des Parties, mais les pays du Nord ont obtenu un report de la décision à 2030 et misent sur le secteur privé pour combler le déficit financier.

Depuis 1992, le débat oppose pays du Sud et du Nord autour du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), jugé inefficace par les premiers, lui reprochant aussi sa gouvernance faisant peu de cas de leurs voix, et suffisant par les seconds, mais réformable.

L’accord de Kunming-Montréal validé fin 2022 contient une stratégie de mobilisation des ressources avec 20 milliards d’euros publics par an dès 2025, mais prévoit après 2030 jusqu’à 200 milliards, largement issus d’investissements privés. Ces derniers pourraient potentiellement se faire via des mécanismes de compensation critiqués pour leur impact négatif sur les écosystèmes.

À Rome, malgré un contexte géopolitique global où brutalité politique et illibéralisme vont crescendo, la COP, selon un processus multilatéral et comme en pied de nez à la dictature de l’argent roi, a aussi réaffirmé l’urgence de supprimer les subventions nuisibles. Notons au passage que cela économiserait beaucoup d’argent public et de souffrance à venir, avec moins de maladies, pollutions, destruction de la biodiversité et du climat.

Parmi les autres décisions, témoignant du fait qu’il n’est pas vain de croire en l’intelligence collective qui peut émaner de ces rendez-vous, la COP a fini par valider le cadre de suivi des engagements internationaux en matière de biodiversité. Il servira dès sa prochaine édition fin 2026 à Erevan. Bien que certains indicateurs clés n’aient pas été retenus, comme celui sur la consommation mondiale, nous pouvons nous féliciter du fait que ceux concernant empreinte écologique et usage des pesticides aient été maintenus.

À présent, et jusqu’à sa prochaine édition, il s’agit, pour les Parties concernés par la Convention, d’accélérer l’adoption de leurs plans nationaux et leur mise œuvre s’ils ne veulent pas compromettre l’objectif de stopper la perte de biodiversité d’ici 2030.

Photo : ©JBDumond2024