Le plan d’urgence en faveur des éleveurs présenté mercredi 22 juillet par le gouvernement ne vise pas seulement à calmer la colère des exploitants normands mais aussi la grogne de leurs homologues des zones montagneuses, non pas contre la baisse des prix de vente de leurs produits, plutôt… contre le loup qui peut sévir dans les troupeaux. La 24e et dernière mesure de ce plan prévoit en effet « l’engagement par le gouvernement d’une démarche de déclassification du loup comme espèce strictement protégée, auprès de la Convention de Berne et de l’Union européenne ».
Le loup fait partie des espèces de faune sauvage protégées par la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe, dite convention de Berne, adoptée en 1979 et ratifiée par 44 pays et l’Union européenne. Et par la directive européenne « Habitat faune-flore » de 1992. Modifier l’un et l’autre de ces textes paraît bien illusoire.
« La convention de Berne ne peut être modifiée qu’à la majorité des deux tiers des États signataires. Quant à l’annexe 4 de la directive « Habitat Faune- Flore » qui classe le loup comme espèce protégée, elle ne peut être revue qu’à l’unanimité des États membres. Et encore faut-il que la Commission accepte de soumettre au Conseil la requête de l’État demandeur », rappelle Ariane Ambrosini, juriste de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS).
Conforter les éleveurs des zones montagneuses
En novembre 2012, le Comité permanent de la Convention de Berne avait rejeté une demande de la Suisse qui souhaitait rétrograder le statut de protection du loup. L’Union européenne s’était aussi prononcée contre la demande helvétique.
La promesse du gouvernement vise à conforter les éleveurs des zones montagneuses, confrontés aux prédations du loup. Le 4 mars 2014, un rapport du Sénat, avait relayé leurs doléances, demandant de rétrograder le loup dans la Convention de Berne, au titre d’« espèce protégée simple » alors qu’il est actuellement classé comme espèce « strictement protégée ». Une mesure qui empêcherait les associations de défense du loup de saisir les tribunaux administratifs pour faire annuler les arrêtés préfectoraux autorisant les tirs de prélèvement (abattage) de loups. Cette année, le gouvernement a autorisé 36 tirs, soit 12 de plus que l’an dernier. « Alors même que la population de loups, passée de 333 en 2014 à 282 individus, baisse désormais », déplore l’ASPAS.
Source le Monde
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