« Le journaliste et cinéaste animalier Jean-Paul Grossin, après avoir lutté contre une longue maladie, vient de disparaître à 61 ans. Il laisse le souvenir d’un homme profondément attaché à la Sologne, son principal pour ne pas dire unique sujet, décliné pendant toute sa carrière de différentes manières et sur différents supports.
C’est pourtant de l’autre côté de la Loire, en Beauce, que ce Loir-et-Chérien « pur jus » était né à Autainville, en 1956. Devenu journaliste, l’ancien élève du lycée Augustin-Thierry de Blois sera de 1979 à 1996 le rédacteur en chef et le principal contributeur du Journal de la Sologne, un trimestriel qui appartenait à l’époque au groupe Nouvelle République. Si sa machine à écrire était alors posée à Orléans, c’est sur le terrain que Jean-Paul Grossin passait la plupart de son temps, l’ appareil photo à la main, n’hésitant pas à s’immerger plusieurs jours dans un village – quitte à trouver le gîte et le couvert chez l’habitant – pour en conter ensuite l’histoire et les attraits sur plusieurs pages, dans des reportages au long cours.
S’il avait le sens du contact, cet humaniste au caractère bien trempé, féru de littérature et des chansons de Brassens, était aussi un amoureux du patrimoine naturel de sa chère Sologne où il vivait et dont il fut l’infatigable photographe puis réalisateur de films auto-produits. Car lorsque le Journal de la Sologne a changé de propriétaire, Jean-Paul a choisi de prendre le large pour explorer d’autres horizons professionnels. Sans quitter son territoire de prédilection puisqu’il est devenu auteur de films animaliers, consacrés surtout aux grands cervidés (« Quand le cerf perd sa tête« , « Cerf moi fort« , en collaboration, notamment, avec Guy Bonnet ndlr), qu’il commercialisait lui-même, en DVD.
On lui doit également plusieurs livres qui font référence – « L’anthologie du cerf« , « Chambord sauvage« , « Chambord patrimoine exceptionnel » – (écrits pour certains avec en collaboration avec Guy Bonnet. Jean-Paul Grossin, ndlr); il avait ses entrées à la fois chez les naturalistes et chez les chasseurs et avait réalisé un mémorable documentaire consacré… aux épouses des nemrods (« La femme du chasseur »). Il était d’ailleurs titulaire d’un permis de chasse, mais il ne l’avait jamais validé. « Je chasse avec mes objectifs et j’ai passé des milliers d’heures en forêt, racontait-il. Je suis l’ami d’une chasse raisonnable, celle qui consiste à cueillir les fruits sans casser de branches. J’adore la venaison et les grandes tablées de copains. »
Des amis aujourd’hui tristes d’avoir perdu un compagnon authentique. (Nouvelle République 27/02/2017)
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Les copains
« L’amitié selon Jean-Paul Grossin, disparu ce week-end (lire page 9), c’était un mélange entre « Les copains » de Brassens et ceux de Jules Romain : un cocktail qui tenait plus de la boisson d’homme que de la liqueur doucereuse ! Pour suivre le mouvement, il fallait avoir de la répartie… et des bottes pour arpenter les sous-bois ou les marais plutôt que des souliers vernis. Il avait parfois le verbe haut et la plume bien trempée pour défendre sa chère Sologne, l’ami Jean-Paul. Il avait aussi une connaissance encyclopédique de « son » territoire, de ses habitants, de sa faune, de sa flore… La nuit, il rêvait parfois des endroits où les grands cerfs perdent leurs mues. Il s’y précipitait le matin et on raconte qu’il lui arrivait d’en trouver. Où qu’il soit, il doit déjà chercher une paire de jumelles. Salut l’artiste ! » NR