En Équateur, une caméra cachée a immortalisé une bagarre entre le fauve et le mammifère arboricole, à l’issue de laquelle les deux animaux sont sortis indemnes. Une scène inhabituelle, selon des chercheurs.
Un fauve s’approche du marécage dans lequel est plongé un paresseux descendu des arbres pour s’offrir une cure thermale. L’ocelot plante ses griffes sur le corps du mammifère avant de tenter de l’attraper aux jambes et au cou. Quelques secondes plus tard, la vidéo montre les deux protagonistes en prise sur un tronc allongé à l’horizontale, formant un pont. Finalement, aucun acteur de ce curieux combat ne sort blessé.
Les images de cette joute entre les deux animaux ont été tournées par des membres du centre de recherche scientifique Tiputini Biodiversity Station, en Équateur. Le lieu de l’action se déroule en plein cœur de la forêt amazonienne. Selon des chercheurs, qui ont publié une étude dans la revue Food Webs, ces images entre un prédateur et sa proie, impliquant deux animaux qui se singularisent par leur discrétion, demeurent rares.
Une activité diurne très peu documentée
« Les paresseux à deux orteils et les ocelots sont des animaux difficiles à étudier
, a reconnu auprès de ScienceAlert l’un des auteurs de l’étude, Anthony Di Fiore, anthropologue à l’université du Texas (États-Unis). Ils sont calmes, insaisissables et difficiles à observer dans la nature ». L’espèce Choloepus didactylus, baptisée paresseux à deux doigts, vit dans la canopée de la forêt amazonienne. Elle a la taille d’un petit chien. Mais contrairement aux canidés, elle reste majoritairement accrochée à un arbre, dissimulée dans la densité des feuilles.
Selon les chercheurs, elle quitte rarement son habitat en journée. En revanche, à la nuit tombée, elle se rend régulièrement dans les marécages situés dans la forêt tropicale pour s’abreuver. Mais ses lents déplacements, estimés à moins de 1 km/h, demeurent un des angles morts de son fonctionnement. Selon une étude publiée en 2011 dans la revue en accès libre MDPI, une seule visite de paresseux a été enregistrée sur près de 4 000 nuits.
Une relation de prédateur-proie ?
Son adversaire, l’ocelot, scientifiquement appelé Leopardus pardalis pour sa ressemblance avec le léopard, recouvre une zone géographique qui s’étend au-delà de la forêt amazonienne. Certaines espèces sont notamment présentes dans le sud des États-Unis et au Mexique, en Amérique centrale.
D’une hauteur allant jusqu’à 1 m, ce félidé a pour habitude d’engloutir des petites proies, comme des rongeurs, des serpents, des oiseaux ou encore des poissons. Mais il peut également s’attaquer à des animaux plus volumineux, comme des singes ou des tortues géantes. De ce fait, cette nouvelle source d’alimentation, le paresseux, contribue à documenter le mode de vie de ce fauve classé en état de préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Cliquez ici pour visionner la vidéo sur le site de GEO