Le trafic illégal d’animaux ne concerne pas uniquement les espèces exotiques. Notre faune locale est également touchée, comme le démontre le démantèlement d’un réseau de trafiquants parisien le 3 octobre 2023.
Lorsqu’on dit trafic d’animaux, on pense « exotisme », on imagine des tigres, panthères, perroquets. Pourtant, notre faune locale est aussi dans le collimateur des braconniers (car un braconnier ne tue pas seulement des animaux, il peut aussi les chasser et les extraire de leurs milieux naturels pour les revendre).
C’est ainsi que le 3 octobre 2023, une opération menée par l’Office français de la biodiversité (OFB) et l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) a démantelé un réseau de trafic illégal d’espèces sauvages, protégées par la loi : ils ont secouru environ 350 oiseaux chanteurs ont été retrouvés enfermés dans des cages, victimes d’un trafic illégal parisien. Des chardonnerets élégants majoritairement, mais aussi des verdiers d’Europe (Chloris chloris), des serin cinis (Serinus serinus) ou encore des linottes mélodieuses (Linaria cannabina).
Des passereaux aux capacités vocales incroyables
Toutes ces espèces de passereaux ont en commun leurs capacités vocales incroyables. Il faut savoir qu’un individu peut se vendre entre 150 et 450 euros, ce qui rend leurs captures rapidement rentables. Au niveau législatif, les détenteurs encourent jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 150.000 € d’amende, en application de l’article L. 415-3 du code de l’environnement. Les 50 officiers dépêchés dans cette descente ont également trouvé « plus de 9000 euros en liquide et du matériel servant à capturer les oiseaux dans la nature (filets japonais, etc.) », informe l’OFB dans un communiqué.
Ce trafic, d’ampleur internationale, a pu être connu des autorités grâce à des contrôles menés chez les oiseleurs parisiens. « Par ailleurs, cette opération a permis de révéler une boutique clandestine de vente d’oiseaux, prise en charge par les services de la Direction Départementale de la Protection des Populations en vue d’une fermeture administrative », conclut l’OFB.
Comment les braconniers capturent les chardonnerets élégants
La technique des braconniers est bien rodée : ils capturent les charmants chanteurs à plumes la nuit tombée, à l’aide de filet japonais, grands de trois à cinq mètres, immobiles, en fils de nylon et tendus sur des piquets. Ils sont invisibles pour les oiseaux qui se prennent dedans sans se blesser, et cette technique est d’ailleurs aussi utilisée par des ornithologues lors des missions de bagage. Puis les braconniers mettent les oiseaux en cage et les vendent à des particuliers, peu regardant sur les dégâts écologiques et éthiques d’une telle pratique.
Parmi les plus revendus illégalement, le chardonneret élégant (Carduelis carduelis), très apprécié pour son plumage jaune et rouge et sa voix mélodieuse. Ce petit oiseau, de la famille des passereaux (grande famille regroupant par exemple les moineaux domestiques, les rouges-gorges ou encore les verdiers d’Europe), illumine toute l’année nos jardins de ses beaux plumages. Il est granivore (mangeur de graines) et relativement farouche. Ils aime construire son nid dans des arbustes et le déserte sans hésitation si l’Homme se montre trop curieux. Son chant est caractéristique, mêlant habilement trilles (battements rapides et ininterrompus sur deux notes voisines) et joyeuses notes claires.
Source : Sciences et Avenir