Paul Watson avait publié, en juillet 2022, sa lettre de démission de l’antenne nationale de Sea Shepherd aux Etats-Unis. Cette fois, le divorce est consommé entre le célèbre militant canadien et une grande partie de l’ONG internationale de défense des écosystèmes marins.
Une radicalité clivante au sein de l’organisation
En dépit de sa démission aux Etats-Unis, Paul Watson restait encore l’un des six directeurs du conseil d’administration de Sea Shepherd Global. Ce n’est désormais plus le cas : il en a été évincé. Et dans un communiqué diffusé le 13 décembre 2022, Sea Shepherd France annonce que « le Capitaine Paul Watson et les leaders nationaux de Sea Shepherd France, Royaume-Uni et Brésil se séparent de Sea Shepherd Global et fondent la coalition Sea Shepherd Origins« . Celle-ci n’a aucun lien financier ou juridique avec Global.
Paul Watson a créé Sea Shepherd en 1977 en prônant les actions directes. Connu pour sa radicalité, il n’a pas hésité à avoir recours au sabotage et à l’abordage de navires pour dénoncer la destruction de la faune marine et la surpêche, mais aussi pour sensibiliser le public. Et c’est cette radicalité qui aujourd’hui ne fait plus l’unanimité au sein de l’organisation.
La branche française défend les actions directes
Les dissidents reprochent donc à Sea Shepherd Global et à la branche américaine de s’assagir et de se détourner des actions « coup de poing », afin de ne pas froisser ses relations avec les différents gouvernements. Ce dont elles se défendent. « Sea Shepherd Global et Sea Shepherd Conservation Society (l’antenne américaine, ndlr)continueront à mener des actions directes« , était-il écrit dans un communiqué publié début septembre par l’ONG.
Mais aujourd’hui, les directeurs de Sea Shepherd Global, à l’exception de Lamya Essemlali, présidente et fondatrice de Sea Shepherd France, semblent tout de même vouloir changer l’image de l’ONG et faire oublier les sabotages de navires passés. « Nous sommes fiers de notre longue histoire et fiers de ce que nous avons accompli, réplique Sea Shepherd Origins. Il est hors de question que nous balayions notre passé sous le tapis pour rassurer les bureaucrates de gouvernements qui cherchent à nous utiliser pour servir leurs intérêts« .
Quels changements pour les missions en France ?
La branche française de Sea Shepherd s’attaque régulièrement à la prise accidentelle de mammifères marins dans le golfe de Gascogne. Elle avait d’ailleurs fait condamner l’Etat français pour son manque d’efficacité dans ce dossier. Avec l’opération Nyamba, l’ONG a aussi été amenée à patrouiller la nuit afin de protéger les tortues marines des braconniers sur l’île de Mayotte. L’éloignement de Sea Shepherd France avec Global va-t-il changer quelque chose à ces missions ?
« Sea Shepherd France ne change pas. Simplement, au lieu de soutenir les campagnes de Global, elle financera ses propres missions et celles réalisées en commun avec les antennes de la coalition Sea Shepherd Origins », explique Lamya Essemlali. Les deux missions précédemment citées seront donc maintenues par les équipes françaises, qui s’en occupent depuis le début.
Toutes les antennes nationales de Sea Shepherd à travers le monde sont juridiquement et financièrement indépendantes les unes des autres. « Sea Shepherd France n’a jamais eu aucune obligation d’aucune sorte envers Sea Shepherd Global », assure sa présidente. Mais elles peuvent contribuer financièrement, logistiquement et humainement aux missions de Sea Shepherd Global. Ce qui ne sera donc plus le cas pour la France.
Pour l’instant, Sea Shepherd Global n’a pas réagi à l’annonce de cette scission. Quant à Sea Shepherd Origins, elle invite d’autres branches nationales à la rejoindre.
Source : Science et Avenir